Dominique Ranaivoson
La littérature coloniale entre
1896 et 1960
La venue de Français s’intensifie à partir de
la conquête, officielle
le 4 août 1896, en même temps que
l’intérêt pour la nouvelle colonie doit être
entretenue en métropole. Paraissent des souvenirs de militaires
, soldats
(Vigné d’Octon, légionnaires anonymes),
généraux (Général Duchêne, lettres de
Lyautey, plus tard mémoires de Galliéni), des manuels
incitatifs à la
colonisation, et des contes malgaches recueillis par les
Français.
L’arrivée de cadres administratifs et enseignants va renouveler la création
littéraire locale. Jean Paulhan arrive en 1908 comme professeur ; il apprend le
malgache et collecte avec passion les poèmes brefs alors tombés en désuétude,
les « hain-teny ». Il publie sa traduction à Paris à son retour, en 1913. Cet
ouvrage reste la référence sur le genre, par ailleurs réactivé jusqu’à devenir
aujourd’hui l’emblème de la littérature malgache. Charles Renel, directeur de
l’enseignement entre 1906 et 1925, collecte des contes et écrit des études
ethnologiques et des romans, coloniaux dans toute l’acception du terme . Des
cercles se forment, avec des poètes, en particulier Pierre Camo (1877-1974)
magistrat à Tananarive entre 1918 et 1934. Avec Robert Boudry, Ivan Manhès et
Octave Mannoni et des écrivains malgaches (dont Jean-Joseph Rabearivelo, Paul
Abraham, Robinary), il fonde en 1923 la revue littéraire 18 Degrés de Latitude
SudLes cahiers malgaches. Les mêmes ou presque écrivent dans Capricorne La
Revue de Madagascar, subventionnée par le gouvernement, puis dans Du côté de
chez Rakoto (1938-1939). Chacune de ces revues tente d’établir un réseau de
lecteurs, mais leur brève durée de parution montre que la vie littéraire a du
mal à convaincre le vaste public colonial et l’oubli dans lequel sont tombés
presque tous ces auteurs indique que la métropole ne s’est pas saisie de ces
productions périphériques, alors qu’elle en célébrait les territoires par les
expositions et les investissements massifs.