Africains,Asiatiques , mais qui sont donc ces Malgaches ?3

1.2: Les civils
Jean Carol, journaliste arrivé avec le premier Résident français Laroche rapporte en 1896 :
            Or, qu’étaient-ce que ces Houves chez qui l’allais ? Des hommes de couleur, m’avait-on dit…, des émigrés de Malaisie…, famille polynésienne, comme les Maoris ou les Canaques (39)
  Il se renseigne consciencieusement sur les différentes catégories sociales, et fait la liste des groupes, en terminant par les « Mozambiques, anciennes victimes de la traite », affranchis depuis 1877 mais toujours ravalés à un second rang. Il avance lui-même son interprétation :
            Toute société a ses préjugés. Les grands privilèges accordés aux Moçambiques [sic] n’ont jamais pu entamer la vive répulsion que la race malaise éprouve pour sa voisine noire. (54)
   Pierre Mille, secrétaire à la Résidence de Tananarive en 1897 évoque l’exil de la reine Ranavalona III avec laquelle disparaît « Un monde bizarre et amusant […] une civilisation aux tentatives un peu ridicules parfois, mais si touchante, si japonaise dans ses efforts pour être elle-même en assimilant l’européanisme ». [1]
Les uns et les autres cherchent à définir les Malgaches par comparaison avec des peuples voisins et mieux connus, par exemple les Créoles:
Dépourvu d’imagination, presque incapable d’inventer, il [le Hova] a un talent d’imitation unique […] Il n’est pas rare qu’un Houve mène de front plusieurs métiers, même les plus divers. […]S’il n’était pas paresseux, il ne serait pas Houve. Encore faut-il s’entendre sur le véritable caractère de cette paresse, faite de philosophie et d’espièglerie. Elle n’a rien de commun avec l’indolence créole, pour qui tout effort est une souffrance. (Carol, 82)

[1] Article « Ranavalona III et sa cour. Souvenirs », paru dans la Revue politique et littéraire, février 1897. Extrait cité par Yvan-Georges Paillard dans sa préface à Les incertitudes du colonialisme, Jean Carol à Madagascar, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 24.