Bêtes curieuses
Sans s’intéresser particulièrement au mouvement
féministe, Odette n’exclut pas du « droit de
l’homme » celui des femmes, quelles que soient leurs
origines. Son estime pour des traditions telles que
l’artisanat ne l’amène pas à accepter les
injustices et les atrocités coutumières, de même
qu’elle signale la double oppression des rares bretonnes qui
gagnent leur vie à la pêche :
«
L’injuste loi est ainsi faite : une femme a le droit de payer
l’impôt, de sauver des gens, de bourlinguer toute sa vie
avec la même peine, les mêmes risques qu’un homme,
mais elle ne peut être inscrite maritime, donc gagner
officiellement son pain et toucher une petite pension quand elle est
usée » (Grandeur des îles, 75).
Les premières aventures ethnographiques d’Odette ont lieu
en Bretagne, où elle travaille sur des thoniers en
écrivant des articles journalistiques. Elle
s’intègre dans les populations de pêcheurs et
d’agricultrices, tout comme elle connaîtra bientôt la
vie des nomades. En Bretagne comme en Mauritanie, les deux sexes
n’ont pas la même vie. Tout en
s’intéressant au sort des femmes, son désir de
liberté oblige Odette à faire sa place dans la
société des hommes. Habituellement, les Bretonnes
cultivent la terre, pendant que leurs maris partent de longs mois
à la pêche.