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André Dupeyrat, ou l’épopée de la Mission française de Papouasie                                                                                        [ 18 / 31 ]

   Dès lors, les récits de Dupeyrat prennent un tour hagiographique prononcé, comme le suggère surtout le livre qu’il a intitulé Briseurs de lances chez les Papous, dont Serge Barrault disait qu’il nous faisait pénétrer dans le monde vrai des élus[1], et qui campe, sur les franges de la sainteté, quelques fortes figures dont l’héroïsme se nimbe d’un vrai halo de réalisme surnaturel. Le titre s’explique par une coutume des populations papoues, qui signaient la paix entre tribus ou clans ennemis en brisant une lance de guerre dans le sang d’un porc sacrifié. Les « briseurs de lances » sont donc ici les missionnaires eux-mêmes, qui menèrent une lutte jamais terminée en vue d’instaurer la paix dans cette société aux instincts belliqueux nés de la peur de l’Autre, génératrice d’interminables vendettas. On découvre donc la personnalité de Mgr. Henry Verjus (1885-1892), dont l’introduction de la cause de béatification a été approuvée le 11 mars 1949 par décret pontifical, à qui Dupeyrat a consacré une plaquette rééditée à Louvain dans la série Xaveriana[2]. Verjus avait nommé Notre-Dame du Sacré-Cœur « pilote » de la barque qui le conduisit à Yule, et il se disait victime pour la conversion de cette terre inhospitalière, au point d’avoir dessiné sur son corps, avec la pointe d’un canif, un chemin de Croix… Et voici Mgr. de Boismenu (1898-1953), surnommé « l’aristocrate de Dieu », né à Saint-Malo, qui reçut la consécration épiscopale dans la basilique de Montmartre le 18 mars 1900, et développa la reconnaissance de la mission dans les montagnes. Il lui fallut également affronter les troubles d’un mouvement cargoïste en 1926[3]. Il y a aussi le père Léon Bourjade, un as de l’aviation française, avec 32 victoires homologuées pendant la première guerre mondiale. Il reçut en 1918 de l’aéro-club de France la grande médaille d’or de l’aviation de chasse, une distinction donnée auparavant à Guynemer, Navarre, Nungesser et Fonck. Il avait fait son noviciat chez les Missionnaires du Sacré-Cœur d’abord exilés en Espagne, puis à Fribourg et prononcé ses vœux de religion en 1910.  



[1] Compte rendu dans La Liberté (Fribourg), 6-7 février 1965, p. 18.
[2] La plaquette originale, publiée par l’Archiconfrérie de Notre-Dame du Sacré-Cœur d’Issoudun, est intitulée Le Premier Apôtre des Papous. Monseigneur Henry Verjus, 31 p. Rééd. : Xaveriana, 14e série, n° 165, septembre 1937.
[3] Voir Georges Delbos, Un évêque chez les Papous. Alain de Boismenu, Paris, Fayard, 1996, p. 206-208. Pour les Papous, les connaissances techniques ne sont en rien le fruit des connaissances acquises, mais constituent simplement un legs des générations anciennes. D’où la conviction que les richesses acquises par les Blancs avaient été interceptées frauduleusement, ce qui entraîne la nécessité de rétablir la communication avec le monde de l’au-delà par toutes sortes de moyens : y compris la construction de pistes d’aviation destinées à accueillir les ancêtres… Sur le culte du cargo, voir l’étude classique de P. M. Worsley, The Trumpet Shall Sound. A Study of Cargo Cults in Melanesia, Londres, MacGibbon et Kee, 1957.
                          
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