VOYAGE "EN
RELIGIONS"
Que, suite à une grave crise intérieure, les années
1890 aient été, pour Pierre Loti, le cadre d’une sincère quête spirituelle est,
désormais, de l’ordre de l’évidence. Entre 1894 et 1900, l’écrivain va, à
plusieurs reprises - essentiellement à Jérusalem et en Inde -, tenter de
ressaisir des certitudes métaphysiques et "quelques bribes" d’une foi
religieuse perdue au cours de son enfance ainsi qu’il l’envisageait déjà, en
1876, dans une lettre à son ami "Plumkett" (Lucien Jousselin) qu’on
peut lire dans
Aziyadé (I, X). Ce pèlerinage intérieur est indissociable
d’un pèlerinage dans l’espace : retour aux sources troubles et brûlantes
de l’enfance mais aussi considérable périple géographique enraciné dans la
prestigieuse tradition romantique du voyage mystique vers l’Orient, au coeur
incandescent de vérités sourdement pressenties et secrètement espérées.
Prenons, pour vérifier cela, l’exemple de deux voyages :
Le premier est celui qu’il accomplit à Jérusalem. Le
deuxième exemple, que nous étudierons plus particulièrement et qui concerne
très précisément ce colloque, est le voyage en Inde. D’après son journal
intime, après un séjour à Ceylan, Loti quitte Colombo, le 19 décembre 1899, au
soir, pour mettre le pied en Inde continentale à Tuticorin, le 20 au
matin : « Son voyage de quatre mois, dans l’hiver 1899-1900, a un
prétexte : l’Académie Française l’a chargé d’aller remettre, en mains
propres, à Trivandrum, la croix de Chevalier dans l’ordre des Palmes
Académiques à Son Altesse le maharajah du Travancore »
[i].
Pourtant, bien plus que d’un voyage mondain ou d’agrément, il s’agirait, selon
l’auteur, de suivre là une véritable errance mystique à la lumière d’une
enquête métaphysique approfondie et angoissée.
Jérusalem, en 1894,
s’ouvrait sur la
dédicace : « A mes amis, à mes frères inconnus, je dédie ce livre –
qui n’est que le journal d’un mois de ma vie écrit dans un grand effort de
sincérité »
(J,449)[ii].
La dernière page de
L’Inde (sans les Anglais) s’adresse aux mêmes
personnes : « A mes frères inconnus qui se comptent par légions au
siècle où nous sommes, je veux donc seulement dire ceci : au fond des
doctrines védiques, il y a plus de consolation qu’on ne le pense au premier
abord »
(ISA, 843)[iii].
D
e la même manière qu’il navigue sur l’océan, Loti voyage aussi
en
religions et c’est la raison pour laquelle nous rapprocherons, sans
arbitraire, les deux oeuvres.
LA ROUTE
DES INDES
C’est dans un état
d’esprit très particulier qu’à cinquante ans, nous voyons Loti accomplir son
pèlerinage dans l’Inde
[iv].
Sur le bateau qui le mène de Marseille à Colombo, il s’exclame :
« Avec quelle inquiétude de ne rien trouver, avec quelle crainte des
déceptions finales, je m’en vais, là, dans cette Inde, berceau de la pensée
humaine et de la prière, non plus comme jadis, pour y faire escale frivole
mais, cette fois, pour y demander la paix aux dépositaires de la sagesse
aryenne, les supplier qu’ils me donnent, à défaut de l’ineffable espoir
chrétien qui s’est évanoui, au moins leur croyance, plus sévère, en une
prolongation indéfinie des âmes !»
(ISA,654). Derrière le voyageur
de 1900, en dehors de ses prédécesseurs comme André Chevrillon (
Dans l’Inde,
1889), il y a, probablement sous forme de sources indirectes, toute
l’érudition germanique de Schlegel (
Sur la sagesse et la langue des Indiens,
1808
[v])
à Creuzer
[vi]
en passant par Görres (
Histoire des mythes du monde asiatique, 1810).
1888-1890 sont également les années de la traduction de Burdeau du
Monde
comme volonté et représentation de Schopenhauer et des
Grands initiés d’Edouard
Schuré qui a appartenu, un temps, à la Société anthroposophique de Rudolf
Steiner.
Loti nous
prouve, ainsi, la prégnance, en cette fin de XIXè siècle, de cette sagesse
aryenne
réinventée, sur fond de métempsycose, par les orientalistes allemands, par les
disciples de Schopenhauer, par un Von Hartmann et c’est autour de la question
des réincarnations que s’est formé l’étrange lien entre ésotérisme, spiritisme
et orientalisme romantique. Emile Burnouf
[vii],
dans son discours d’ouverture au Collège de France, tenait à rendre hommage à
ceux qui lui avaient frayé la route, « non seulement son maître Chézy,
mais les savants allemands Bopp, Guillaume Schlegel, A. de Humboldt ainsi que
Christian Lassen et l’école anglaise de Calcutta »
[viii],
tandis que Michelet affirmait réchauffer sa « pâle science occidentale à
son soleil indien »
[ix].
Loti est, en
fait, accompagné par l’avancée, tout au long du siècle, des recherches
orientalistes anglaises, allemandes et françaises qui unissent parfois
scientificité et déviations occultistes, précisément à travers Burnouf, accusé,
par René Guénon, de s’être allié aux théosophes : « C’est la haine pour
tout ce qu’on peut qualifier de judéo-chrétien qui amena l’entente, à laquelle
nous avons fait allusion, entre Mme Blavatsky et l’orientaliste Burnouf »
[x].
L’auteur de
L’Inde (sans les Anglais) précise : « Pas plus que je n’ai découvert l’Inde, je ne
prétends avoir découvert les Védas ; depuis quelques années, commencent à
se répandre, parmi nous, des traductions – encore bien incomplètes, il est vrai
– de ces écrits surhumains […]. Ce recueil touffu comme la jungle et insondable
comme le gouffre éternel, les Sages de Bénarès qui l’étudient, dans le
recueillement jamais troublé, sont, peut-être, les seuls capables de nous le
rendre un peu accessible »
(ISA,841). Le décor est donc
planté : vocabulaire et idéologie orientalistes d’époque, préoccupations
théologiques sur l’au-delà et influences ésotériques théosophiques se
conjuguent pour donner, à ce départ, sa coloration, à la fois, très datée et
très particulière puisque les Sages ne sont autres que les membres de la
Société Théosophique.
La
Theosophical Society fondée aux Etats-Unis en 1875 par Helena Blavatsky
(1831-1891) et le colonel britannique H.S. Olcott (mort en 1907) s’est
installée à Madras et à Bénarès pour étudier les phénomènes mystiques et
paranormaux chez les Hindous et les Tibétains. Son activité fit beaucoup pour la
propagation, en Europe et en Amérique, des idées que les Européens se faisaient
alors de l’hindouisme (plus romantiques et occultistes que scientifiques). La
société avait depuis 1882 et a toujours son siège à Adyar dans la banlieue sud
de Madras. La Société Théosophique s’est donné, dès sa naissance, un certain
nombre de directions, de buts, relativement précis au point qu’à tort ou à
raison, on a pu voir, en elle, un nouveau mouvement religieux voire une
« nouvelle religion »
[xi].
La naissance de la ST est contemporaine de celle du courant occultiste dans
lequel cette société plonge une partie de ses racines. Selon la volonté de ses
fondateurs, elle répond à un « triple but »
[xii].
Le serment, défini depuis 1896, consiste, en effet, à accepter de « 1/
Former une fraternité universelle sans distinction de race, de croyance, de
sexe, de caste ou de couleur, 2/ Encourager l’étude des philosophies, des
sciences et des religions comparées, 3/ Explorer les lois inexpliquées de la
nature et les pouvoirs latents en l’homme »
[xiii].
En Inde, Loti est accueilli par une pluie de
"bénédictions" à connotations
étrangement chrétiennes, Guénon dirait
"sentimentalistes" : « Mon Dieu, puissent-ils, un peu, m’en
convaincre, de cette sollicitude et de cette pitié, les Sages de l’Inde, auprès
desquels je m’en vais ! »
(ISA,655). Quelle
pitiél’auteur
va-t-il réellement rechercher ? Que voit
véritablement le
voyageur en Inde ? Certes pas les Anglais, comme l’indique
le titre du
livre, ni le Congrès national indien, ni Bombay, ni Calcutta,
trop modernes, où
il est passé mais qu’il élimine de son trajet
reconstitué ainsi que le fait
justement remarquer Jacques Dupont : « Une anglophobie
virulente et
le désir de ne s’intéresser qu’à
l’Inde ancienne et traditionnelle plutôt qu’à
celle éminemment coloniale du Raj victorien et de la
pax britannica dont
l’apogée a lieu, précisément, vers 1900, conduisent Loti à écrire un livre qui
se veut radicalement inactuel et donc indifférent à ce qui commence à fermenter
sourdement (le Congrès national indien a été fondé en 1885, la Ligue musulmane
pro-indienne naîtra en 1906)»
[xiv].
Il faut bien reconnaître que c’est d’abord une Inde "touristique" et
protocolaire qu’il se plaît à décrire : réceptions, palais, pagodes,
jungles, féeries tropicales, fauves, fakirs, bayadères, maharajahs, yogis…
L’itinéraire
de l’Inde a donc été reconstruit, modifié et
élagué dans l’intention évidente
d’orienter la quête de Loti et de donner au séjour,
chez les Sages de Bénarès,
l’importance d’une arrivée en Terre promise et
d’une révélation finale :
« Un tel travail de remaniement de son journal est unique
dans les récits
de voyage de Loti et donne naturellement à celui-ci une place
à part et
significative – comme un appel de l’espérance
déçue en 1894 »
[xv].
Pourtant les premiers contacts, à Ceylan,
avec le bouddhisme et l’hindouisme qu’il mêle, comme c’était souvent le cas à
son époque, en un confus conglomérat
ésotérique, s’avèrent assez
négatifs. Au premier temple brahmanique que Loti aperçoit, il s’exclame :
« J’en reçois l’impression de quelque chose de lugubrement idolâtre, de
fermé aussi, d’hostile et de terrible ; je n’attendais point cela non plus
que cette défense d’approcher et de voir – et combien m’apparaît vaine,
enfantine à cette heure, cette quasi-espérance que j’avais en venant aux Indes
de trouver un peu de lumière au fond de la religion des grands ancêtres !
»
[xvi].
Il ajoute : « Quand je songe qu’un puéril espoir m’était venu d’en
découvrir quelques parcelles de l’insaisissable vérité au fond de ce
brahmanisme gardé si farouchement ! Mais non ; ici comme partout,
j’aurai été le perpétuel étranger »
(ISA,707).
Les bûchers
indiens, loin de l’inciter à la résignation, à travers un élargissement
cosmique de son champ de conscience, le plongent dans l’effroi (comme
d’ailleurs plus tard David-Neel et Malraux) : « Une âme est
partie ; la voici pour un temps délivrée ou pour toujours qui sait ?
Plus tard, à n’en pas douter, elle sera, de nouveau, réunie à eux – mais plus
tard, plus tard après la consommation des âges. Et on aura tellement évolué,
tellement changé, les uns et les autres, que ce lointain revoir, presque sans
personnalité, n’aura plus ni tendresses ni larmes ; comme se
rapprocheraient des parcelles d’un même tout qui auraient été pour un temps
séparées, on se réunira dans une béatitude sans joie »
(ISA,822).
A Madras,
l’écrivain rencontre à la ST,
Olcott et
peut-être Jinaradasa : « Ils étaient pourtant hospitaliers, bons et
accueillants, ces deux hommes qui m’écoutaient ; le premier, un européen
lassé de nos agitations et de nos incertitudes, réfugié dans ce détachement que
jadis prêchait le grand Bouddha et devenu, ici, le chef de la société
théosophique ; l’autre, un hindou ayant conquis les plus hauts brevets
d’érudition dans nos universités d’Europe et puis revenu aux Indes non sans
dédain pour nos philosophies occidentales »
(ISA,801). Mais le constat
lotien semble sans appel : « Etait-ce donc la peine de venir, aux
Indes, au vieux foyer initial des religions humaines, si c’est là tout ce qu’on
y trouve : dans les temples, un brahmanisme enténébré d’idolâtrie ;
ici, une sorte de positivisme réédité de Cakya-Mouni et les livres spirites qui
ont traîné par le monde entier ! »
(ISA,801).
L’écrivain
ajoute très fermement : « M’enfermer dans cet austère asile du néant
et du vide, pour quoi faire ? Plutôt continuer, comme toute ma vie,
d’amuser mes yeux aux choses de ce monde, qui, si elles passent, sont au moins
réelles pendant un instant. Et puis que m’importerait leur preuve après tout,
leur preuve d’une immortalité comme ils la conçoivent ? Pour ceux qui ont
vraiment aimé, l’idée de la destruction de la chair est déjà une torture »
(ISA,801).
La quête lotienne est, essentiellement, une quête de survie
post mortem.
ILLUMINATION INDIENNE
La question de
la résurrection individuelle ou collective n’est rien moins qu’accessoire ou
anecdotique, en cette fin de XIXè siècle, enracinée qu’elle est dans les
grandes tragédies métaphysiques depuis Dostoïevski, Nietzsche ou Kierkegaard.
Le thème de la réincarnation et de la reconnaissance individuelle s’inscrit,
également, dans une longue tradition ésotérique qui trouve des origines
certaines dans l’illuminisme mais a été, également, relayée par des socialistes
français comme Leroux, Reynaud, Sand ou Hugo. On sait que Creuzer retrouvait
régulièrement, à Paris, ses amis Victor Cousin, Jomard, Raoul Rochette,
Silvestre de Sacy et surtout Burnouf. Herder en Allemagne, Anquetil-Duperron et
Court de Gébelin en France ont mis l’Inde à la mode et « l’Europe en
découvre les monuments dans l’enthousiasme. Elle croit y trouver le parfum du
premier printemps de sa race et l’écho de la sagesse primitive »
[xvii].
Guignault
[xviii], pour sa
part, a résumé les acquis de l’érudition allemande et le baron d’Eckstein
rédigé ses travaux sur ce que l’on a appelé l’indo-christianisme (
La
Religion et la politique des Hindous, 1814). Viatte, Cellier, Vadé,
Bénichou, Gaulmier ont mis en lumière ces liens étroits entre Romantisme,
orientalisme et occultisme. L’érudition favorise, même en France, certaines
tendances syncrétistes que l’on peut nommer primitivistes ou
traditionalistes : « Creuzer, on le sait, cherchait sous tous les
cultes et tous les mythes de l’antiquité l’affirmation universelle et primitive
du Dieu unique »
[xix].
L’ambition de
Schlegel était analogue : « J’aurai à montrer - disait-il dans cette
sorte de manifeste que constituait le livre deuxième de l’
Essai sur la
langue et la sagesse des Indiens - qu’il existe dans la mythologie comme
dans le langage, une structure intérieure, un tissu primitif dont l’uniformité
est frappante et qui si l’on met à part les différences accidentelles qui
tiennent au développement extérieur, décèlent entre les mythologies une
incontestable parenté »
[xx].
Les vues de Frédéric Schlegel trouvèrent en France un introducteur dans le baron
d’Eckstein (1789-1861)
[xxi] :
« Elève de Creuzer à Heidelberg, disciple de Schlegel à Vienne, admirateur
de Görres, ami de Guignault, de Ballanche et de beaucoup d’autres, un polémiste
malveillant le présentera comme l’émissaire, à Paris, de la
bande germanique
indo-chrétienne. […] "Il fallait donc - disait-il - en étudiant la
pensée de l’Inde, tirer de ses décombres la révélation primitive" »
[xxii].
Rien d’étrange donc à ce que Loti soit ici
concerné au premier chef.
Il faut bien
reconnaître, en effet, que la principale pierre d’achoppement théologique est
la question de la survie individuelle de l’âme après la mort. C’est pourquoi la
rencontre des théosophes d’Adyar, en la personne du colonel Olcott et peut-être
de Jinarajadasa, l’un des prédécesseurs de Krisnamurti, le déçoit :
« La doctrine de ces gens que je venais de quitter me paraissait aussi
puérile et vaine que les petites statues du dieu à tête d’éléphant. Comme
certaine autre nuit, à Jérusalem quand venaient de s’effondrer irrémédiablement
mes croyances premières, des songes d’une tristesse sans bornes, d’une
indicible horreur se succédèrent jusqu’au matin »
(ISA,801). C’est une
curieuse problématique fin de siècle mais qui est loin d’être unique dans la
culture européenne : Y a-t-il un espoir de survie et de résurrection en
dehors des dogmes catholiques ? La métempsycose humaine et la
réincarnation offrent-elles des possibilités de syncrétisme religieux capables
de relayer un catholicisme moribond ? A lui, qui cherche la continuation
de son être intégral, intense, conscient et séparé, capable de retrouver ceux
qu’il aimait et de les aimer encore, on n’offre qu’un ciel sans dieu personnel,
une immortalité sans âme précise. Les théosophes d’Adyar comprennent aussitôt
qu’ils ont fait fausse route en présentant au chrétien Loti l’interprétation
« la plus matérialiste de leur sagesse : "A une âme comme la
vôtre, il faut le brahmanisme ésotérique", et c’est à Bénarès qu’il lui
faut aller pour y être initié »
[xxiii].
C’est alors
que va se passer une chose étonnante : A Bénarès, l’échec, la déception se
transforment bizarrement et miraculeusement en succès. Au terme du voyage
reconstitué et réécrit, Loti, cette fois, n’est pas déçu ; il rapporte
même des évidences qu’il n’essaiera, certes pas de transmettre à ceux qui,
"lecteurs frivoles", n’attendent de lui que "l’illusion du
voyage", le reflet des "mille choses sur lesquelles il a promené ses
yeux", mais qui l’ont transformé au point qu’il ne doute plus d’une
"continuation, presque indéfinie, de sa propre durée au-delà des
destructions terrestres" : « Je n’avais entendu de telles
paroles nulle part »
[xxiv].
Il s’agit là d’une interprétation particulière du brahmanisme, mêlée à une
vision fantasmatique, d’un bouddhisme revu et corrigé par l’ésotérisme et le
théosophisme en particulier, et même par l’idéologie aryaniste qui par Rudolf
Steiner, aura des ramifications en Allemagne jusqu’au nazisme
[xxv].
Loti
avoue : « Voici qu’aujourd’hui, elle s’impose à moi, d’heure en heure
davantage, dans son intégrité première, telle que l’énoncèrent au commencement
des temps, nos grands ancêtres mystérieux et après des épouvantes que je ne
puis ni ne veux traduire, j’entrevois que je me résignerai à la somme de
consolation qu’elle peut donner encore. Comme conséquence, le détachement
préconisé par les Sages a commencé de poindre au fond de mon âme ;
détachement des êtres ou de leur mémoire terrestre s’ils ont quitté la terre.
L’angoissante interrogation n’est plus associée au souvenir de ceux que j’ai
perdus ; ils vivent sans doute presque libérés déjà de leur moi tyrannique
et illusoire et j’accepte l’idée de ce revoir lointain, plutôt de cette fusion
avec eux qui ne sera pas au lendemain de la mort mais peut-être après des
siècles de siècles »
(ISA,835). C’est la lancinante nostalgie d’une quête
religieuse conçue comme une espérance d’au-delà. Une vérité semble se faire
jour dont la nature plus occidentale et romantique qu’indienne ne fait aucun
doute.
L’écrivain
récite consciencieusement une leçon qui semble issue de Sankarâchârya et de
l’Advaïta Vedanta mais qui est, en fait, relayée par la ST et Annie
Besant : « Si tu sais que les objets de ta conscience sont en toi et
qu’en toi est l’essence de toutes choses, le désir s’évanouit et les chaînes se
dissolvent. Tu es essentiellement Dieu. Si tu pouvais graver, en ton cœur,
cette vérité, tu verrais tomber, d’elles-mêmes, les limitations illusoires qui
produisent la tristesse et les souffrances, les désirs de l’être séparé »
(ISA,841).
Le conte de fées spiritualiste se termine alors pour le mieux : « J’ai
prêté le facile serment que l’on me demandait et les Sages de la petite maison
silencieuse m’ont admis pour l’un de leurs disciples »
(ISA,842).
Loti maintient
que « sur les mystères de la vie et de la mort, les Sages de Bénarès
détiennent les réponses qui satisfont le mieux à l’interrogation ardente de la
raison humaine ; et ils font passer devant vous de telles évidences que
l’on ne doute plus d’une continuation presque indéfinie de sa propre durée
au-delà des destructions terrestres »
(ISA,843). Il conclut :
« On ne redevient jamais tout à fait soi-même lorsqu’une fois on a été
touché, si légèrement que ce fût, par la paix qui règne là »
(ISA,843).
Tout cela prend un air d’illumination spirituelle mythique mais a, en même
temps, une apparence stéréotypée de déjà vu et déjà entendu, tout droit sortie
d’une image d’Epinal, à l’usage d’initiés à la "libération", sur le
modèle de Blavatsky, et plus tard, Gurdjieff ou David-Neel, révélations
illuministes ou ésotériques souvent dans la lignée du romantisme occulte.
C’est justement
trop beau et trop simple pour être vrai. Le récit, pour qui sait lire,
est, en effet, miné, corrodé par les sous-entendus et les fausses pistes.
Remarquons, par exemple, la mention de la grand-mère qui ne peut se satisfaire
des consolations du Vedanta devant le bûcher de son petit-fils
(ISA,822).
Or l’écrivain avait déjà décrit
exactement la même scène, en décalé, au
cours
de son séjour à Jérusalem mais dans un
environnement judéo-chrétien
[xxvi].
Nous vient, alors, un soupçon inéluctable : tout ce récit reconstruit pour
plus de simplicité et d’efficacité, dont les conclusions paraissent déjà
offertes avant les prémices, ne serait-il pas seulement écrit pour
contrebalancer le fameux échec de
Jérusalem où il n’avait rencontré,
disait-il, "rien ni personne"
?
A Jérusalem, en effet, Loti qui, en 1894, avait mis
Dieu au défi de se révéler, a subi un échec. La conclusion de la nuit au
Gethsémani, de ce rendez-vous manqué, avec le Christ, est extrêmement violent
dans le
Journal intime :
« Rien : je frappe ma tête contre l’olivier centenaire, appelant de
toute mon âme. Je reste le cœur sec et fermé ; pas même un attendrissement
un peu doux, comme au Saint Sépulcre, le jour de l’arrivée, jusqu’aux larmes.
Rien ; ma prière n’est pas entendue. Et c’est la déception suprême, le
néant des néants, le vide des vides. J’attends, j’attends encore. Et déçu à
jamais, l’âme plus amère, plus révoltée et vide, je rentre par la vieille porte
de fer »
[xxvii].
Le point final de ce cheminement est le nihilisme absolu où Loti sombre dans
ces visites au Saint Sépulcre
(J,485). Le Christ ne peut véritablement se
rencontrer à
Jérusalem(J,514). L’auteur conclut : « A quoi bon
continuer de ce côté ? A quoi bon retourner, là-haut, à la vague poursuite
du fantôme qui m’a fui ? Le Gethsémani est un lieu quelconque, froid et
vide ; rien ne flotte au-dessus de ses pierres, rien n’y passe qu’un
souffle de printemps propice aux asphodèles et aux anémones
»(J,520). Ne Pourrait-on
donc mettre en correspondance l’échec de Jérusalem et l’apparent succès de
Bénarès ? Le second ne serait-il pas qu’un trompe l’œil, un masque du
premier ?
UN PRISME DEFORMANT :
L’INDE THEOSOPHIQUE
L’influence de
Schopenhauer, et surtout de ses disciples, sur la vision du bouddhisme et de
l’hindouisme, par les Européens, est certainement décisive, à la fin du XIXè
siècle, pour donner l’image d’une Inde pessimiste et nihiliste :
« Schopenhauer, en particulier, a certainement une bonne part de
responsabilité dans la façon dont l’Orient y est interprété ; et combien
de gens, même en dehors d’Allemagne, s’en vont répétant, après lui et son
disciple Von Hartmann, des phrases toutes faites sur le pessimisme bouddhique
qu’ils supposent même, volontiers, faire le fond des doctrines hindoues !
[…] La vérité est que nulle conception orientale n’est pessimiste et que le
bouddhisme même ne l’est pas »
[xxviii].
René Guénon a, d’ailleurs, mis en lumière ce
curieux mélange d’érudition
spiritualiste et de magie spirite : « Ce n’est,
en somme, qu’un
mélange confus de néo-platonisme, de gnosticisme, de
kabbale judaïque,
d’hermétisme et d’occultisme, le tout groupé,
tant bien que mal, autour de deux
ou trois idées qui, qu’on le veuille ou non, sont
d’origine toute moderne et
purement occidentale. C’est ce mélange
hétéroclite qui a été
présenté, tout
d’abord, comme le Bouddhisme ésotérique »
[xxix].
Sinnet, de la ST, avait bien présenté la prétendue doctrine qu’il était chargé
d’exposer comme provenant du bouddhisme proprement dit ou d’une de ses branches
et en même temps comme constituant un lien entre celui-ci et le brahmanisme
[xxx].
Etonnant
mélange de scientificité et de fantaisie, la recherche orientaliste, certes,
fait des progrès de géant tout au long du XIXè siècle mais elle est accompagnée
par les préjugés et les déviations romantiques et occultistes :
« L’étude de la religion asiatique avait progressé en Europe depuis la fin
du XVIIIè siècle avec notamment la formation de la Royal Asiatic Society à
Londres et les traductions françaises et anglaises des textes hindouistes. Dans
les années 1870, les érudits allemands produisirent des traductions des Védas
hindous et des textes majeurs du bouddhisme dans de splendides éditions.
Blavatsky n’avait rien d’une universitaire mais elle fut une formidable
autodidacte. Elle lut les textes de l’Asie en franc-tireur mais abondamment »
[xxxi].
L’on ne saurait, en effet, négliger, comme substrat, l’illuminisme, le
spiritisme et l’occultisme mêlés à l’influence schopenhauerienne qui donnèrent
cette interprétation, très particulière, du nihilisme oriental comme le fait
remarquer René Guénon : « Eliphas Lévi – de son vrai nom
Alphonse-Louis Constant – avait suscité un réveil de l’occultisme en France. Il
enseignait l’existence d’une doctrine secrète qui unit tous les systèmes
magiques et religieux et ses écrits puisaient fortement aux sources orientales,
en particulier les textes hindouistes. Il en résulte un mélange d’orientalisme
et d’occultisme qui excita Bulwer puis Blavatsky »
[xxxii].
Malgré son
nom, la ST a peu de rapports directs avec ce que l’on peut appeler la théosophie
occidentale : « l’organisation qui s’intitule actuellement Société
Théosophique dont nous entendons nous occuper ici exclusivement ne relève
d’aucune école qui se rattache même indirectement à quelque doctrine de ce
genre ; sa fondatrice Mme Blavatsky a pu avoir une connaissance plus ou
moins complète des écrits de certains théosophes, notamment de Jacob Boehm et y
puiser des idées qu’elle incorpora, à ses propres ouvrages, avec une foule
d’autres éléments, des provenances les plus diverses mais c’est tout ce qu’il
est possible d’admettre à cet égard »
[xxxiii].
Loti résume ainsi la doctrine :
« "Un ciel sans dieu personnel, une immortalité sans âme précise, une
purification sans prière" : la formule énoncée comme conclusion
suprême continuait de résonner pour moi, lugubrement, au milieu du silence,
après l’entretien tombé. Sur les vitraux éclairant encore la froide
bibliothèque où nous étions, peu à peu s’éteignaient des petites images
transparentes qui représentaient, en parcelles de verre coloré, tous les
emblèmes de la foi humaine réunis là, comme en un musée mortuaire ; la
croix du Christ, le sceau de Salomon, le triangle de Jéhovah, le lotus de
Cakya-Mouni, la fourche de Vishnou, les symboles d’Isis »
(ISA,801).
C’est un
syncrétisme ésotérique dans lequel le brahmanisme ne semble pas mieux traité
que l’ensemble des autres symboles religieux : « HPB ne renonçait pas
pour autant à un syncrétisme supérieur. Par l’union des deux idées du
manou
et du
bodhisattva, les deux grandes religions indiennes se rejoignaient ;
le christianisme leur était rattaché à son tour par une spéculation sur les
Christs.
Elle trouvait un écho dans Emile Burnouf qui prétendait reconstituer la
philosophie aryenne héritée des bouddhistes par les esséniens et transmise par
ceux-ci à Jésus ou plus exactement mise par eux en forme de légende dont le
principal personnage était Jésus »
[xxxiv].
Annie Besant, plus qu’Olcott vieillissant occupe, dans
L’Inde (sans les
Anglais), une place primordiale. Sa notoriété était telle que Loti pouvait
difficilement faire l’impasse sur son influence et il semble placer le voyage
en Inde sous ses hospices.
En effet en
1885, l’Anglaise Annie Besant (1847-1933), femme de pasteur, qui avait été
gagnée au socialisme matérialiste, se convertit au théosophisme en lisant
La
Doctrine secrète de HPB. Elle fait la connaissance de l’auteur et devient,
rapidement, un des chefs de la Société Théosophique. Puis elle part pour les
Indes en 1891, y répand l’enseignement de HPB et d’Olcott en développant
parallèlement l’instruction publique dans ce pays : « Annie Besant
connaît là-bas un succès personnel certain »
[xxxv].
La rencontre de Loti avec Annie Besant est problématique mais le
fait qu’elle
se situe à Bénarès, c’est-à-dire
à la fin de l’itinéraire reconstitué, lui
donne une valeur hautement symbolique. Là, se trouverait donc la
vérité de
l’Inde. Là, résiderait le secret
théosophique. Nous pouvons lire dans le
Journal
intime : « Jeudi 18 janvier 1900 – Arrivée le matin à Madras.
Chez le colonel Olcott, chez les théosophes où un froid mortel se fait dans mon
âme… Lundi 23 janvier – Quitté le soir l’horrible Madras »
[xxxvi].
Et plus loin : « Samedi 17 février – Départ mouvementé de Calcutta
par un orage affreux, après avoir manqué le rendez-vous de Mme Annie Besant.
Nous arrivons à Bénarès à midi le lendemain ; le soir, au bord du Gange,
devant les bûchers de cadavres. Nous regardons brûler une jeune fille aux
grands yeux. Du dimanche 18 février au dimanche 25 à Bénarès – Chaque matin, au
bord du Gange, à l’heure de la prière. Dans la petite maison des théosophes, un
peu de lumière m’apparaît au fond du Brahmanisme ésotérique. La veille du
départ, je signe mon adhésion entre les mains de Mme Besant et on m’apprend les
mots secrets »
[xxxvii].
Où
Loti a-t-il réellement rencontré Annie Besant ? A Bénarès d’après les
quelques lettres d’elle à l’écrivain
[xxxviii]
: « "J’apprends par mon ami le colonel Olcott que vous serez à
Bénarès au début de février. J’espère y être" lui écrit-elle le 26 janvier
mais le 22 février en lui donnant rendez-vous pour l’après-midi :
"J’espère qu’enfin nous nous rencontrerons !" »
[xxxix].
Sous l’influence d’Annie Besant, Bénarès devint la maison mère de la section
indienne tandis qu’Adyar servait de quartier général international. Alors
qu’Olcott dirigeait la Société et oeuvrait pour le Bouddhisme, Annie bâtissait
la Section Esotérique. Elle en était désormais le chef extérieur
incontesté : « Elle se mit aussi à apprendre le Sanskrit »
[xl].
Elle fonda, grâce à la générosité des théosophes et de quelques Hindous de la
localité, le Collège Central Hindou de Bénarès. Il devait enseigner la religion
hindoue, unir les Hindous et les Anglais en une coopération amicale à un
travail commun, faire des différences sociales une aide et non une
entrave : « Afin de mieux renverser les barrières, les enfants
étaient tous obligés d’apprendre les deux langues anglaise et sanscrite »
[xli].
Le portrait de
Loti est donc très fidèle à l’image que
l’on se faisait, à l’époque, d’Annie
Besant : « Une femme, une Européenne
échappée au tourbillon
occidental a pris place et s’est hautement imposée parmi
eux (Mme Annie
Besant). Charmante encore de visage sous sa chevelure blanche, elle vit
là
détachée du monde, pieds nus, frugale comme une
épouse de brahme et austère
comme une ascète. C’est sur son bon vouloir que j’ai
compté surtout pour
entrouvrir un peu, à mon ignorance, les portes redoutables du
savoir. […]
"Nos dogmes, - me disait-elle un moment plus tard -, nos dogmes ?
Mais nous n’en avons point"»
(ISA,825). Le jugement de René Guénon
est, lui, beaucoup plus critique : « En dehors des orientalistes plus
ou moins officiels qui ont au moins pour eux, à défaut d’autres qualités plus
intellectuelles, une bonne foi généralement incontestable, il n’y a comme
présentation occidentale des doctrines de l’Orient que les rêveries et les
divagations des théosophistes qui ne sont qu’un tissu d’erreurs grossières
aggravées encore par les procédés du plus bas charlatanisme »
[xlii].
INDE KALEIDOSCOPIQUE : L’IRREMPLACABLE CHRIST
Nous ne
pouvons, finalement, que douter sinon de la sincérité de Loti, en Inde, à
Bénarès, chez les théosophes, du moins de la profondeur de ses velléités
théosophiques et brahmaniques et cela pour plusieurs raisons. La première est
que dans le conglomérat religieux visant à remplacer le Christ disparu pour
toujours, l’islam nous semblerait passer avant l’hindouisme. Loti y voit un
refuge, une forme extérieure qui charme son sens artistique et fournit, de
cette manière, « un aliment momentané à son besoin de surnaturel »
[xliii].
C’est un islam, orientalisé à l’extrême, à la mode de l’époque, dans un
profond rêve teinté de nirvana, rêve chatoyant où se mêlent, bizarrement,
hindouisme, brahmanisme et un islam plus accessible, semble-t-il, aux
occidentaux. Mais quelle peut bien être la valeur objective de ce syncrétisme ?
L’islam, le bouddhisme, le brahmanisme, le shintoïsme sont appelés à la
rescousse. Le panthéisme même. De Calvin à Baal, du Coran aux temples japonais,
l’itinéraire de Loti est sans exclusive
[xliv].
Ce syncrétisme n’est, là encore, pas étranger à toute une tradition ésotérique
illuministe voire même socialiste : « La société théosophique
postulait aussi l’existence de la doctrine secrète universelle qu’elle
entendait explorer. Elle partait de l’axiome que les vérités fondamentales sont
universelles et que toutes les religions sont, essentiellement, une seule
religion »
[xlv] .
C’est la vulgate indestructible de la
prisca théologia ou
philosophia
perennis aux sources lointainement hermétiques mais devenue un lieu commun
romantique
(ISA,687).
La deuxième
raison s’appuie sur la fin de
Jérusalem et la dernière visite au Saint
Sépulcre : le Christ est irremplaçable et ne saurait donc être remplacé
par qui que ce soit : « Je voudrais oser dire à ceux de mes frères
inconnus qui m’ont suivi au Saint-Sépulcre : Cherchez-le, vous
aussi ; essayez puisqu’en dehors de lui il n’y a rien ! »
(J,535).
Le doute semble toujours suivi, chez Loti, par des moments d’espoir et de foi
retrouvée
(J,516) et la conclusion est donc sans appel : « Il
n’est donc remplaçable par quoi que ce soit au monde, le Christ »
(J,519).
Une troisième raison est que dans
Jérusalem et
La Galilée, Le
Christ, "dieu évanoui et absent" était déjà présenté comme supérieur
à tous les sages et prophètes de l’Inde, du brahmanisme et du bouddhisme :
« Ce qu’il disait surtout et ce que Cakya-Mouni, avec son vague
nirvana,
n’avait pas osé concevoir, c’est que la personnalité, le souvenir et l’amour,
sans lesquels il ne vaudrait pas la peine de revivre, persistaient après la
mort, et qu’il y aurait une union, sans fin, aux être chéris, quelque part où
l’on serait à jamais pardonné et pur »
[xlvi].
Ces phrases de
Jérusalem semblent définitives : « Il n’y a jamais
eu que cela ; tout le reste, vide et néant, non seulement chez les pâles
philosophes modernes mais même dans les arcanes de l’Inde millénaire, chez les
sages illuminés et merveilleux des vieux âges. Alors de notre abîme, continue
de monter, vers celui qui jadis s’appelait le Rédempteur, une vague adoration
désolée »
(J,458).
Comment ne pas
douter, dès lors, d’une quelconque possibilité d’épanouissement religieux de
Loti en Inde ? Inde touristique, Inde orientaliste, Inde ésotérique :
L’inde de Loti est, avant tout, et surtout romantique. C’est une Inde
kaléidoscopique et fantasmatique, réinventée pour les besoins de la cause, et
notamment pour essayer de surmonter l’échec de
Jérusalem, Inde qui n’est
ni la copie fidèle de la tradition ni une réinvention totale mais constitue,
bel et bien, un Orient mystique.
[i]
Claude Martin, Introduction à Pierre Loti, L’Inde ( sans les Anglais), (1903), repris dans Voyages (1872-1913),
Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1991, p. 650
[ii]
Pierre Loti, Jérusalem, (1895), repris
dans Voyages (1872-1913), Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1991, p.
449 : pour
des raisons de commodité, nous noterons ISA, suivi du numéro de page,
dans l’édition mentionnée, les références à L’Inde (sans les Anglais).
[iii]
Pierre Loti, L’Inde ( sans les Anglais),
(1903), repris dans Voyages (1872-1913), Bouquins, Robert Laffont,
Paris, 1991, p. 843 : pour des raisons de commodité, nous noterons ISA, suivi du
numéro de page, dans l’édition mentionnée, les références à L’Inde (sans les
Anglais).
[iv]
P
ierre Flottes, Le Drame
intérieur de Pierre Loti, documents inédits, Le courrier littéraire,
imprimerie Ramlot, Paris, 1937, p. 132
[v]
traduit par A. Mazure en 1837 sous le titre Essai
sur la langue et la philosophie des Indiens
[vi]
Symbolique et mythologie des anciens peuples, 1810-1812, L’adaptation de Guignault prend pour base
la deuxième édition (1919-1921). La longue notice concernant les religions de
l’Inde est tout entière de Guignault.
[vii]
Introduction à l’histoire du bouddhisme indien, 1844 ; Le Lotus de la bonne loi, traduit
du sanscrit, 1852 ; Le Vase sacré et ce qu’il contient dans
l’Inde, la Perse, la Grèce et dans l’église chrétienne, avec un appendice sur
le Saint-Graal, 1896
[viii]
Cardinal Henri de Lubac, La Rencontre du
bouddhisme et de l’Occident, Œuvres complètes XXII, Section 6, Cerf, Paris,
2000, p. 137
[x]
René Guénon, Le Théosophisme, histoire d’une
pseudo-religion, Editions traditionnelles, Paris, 1996, p. 142
[xi]
Antoine Faivre, Accès de l’ésotérisme
occidental II, Bibliothèque des
sciences humaines, nrf, Editions Gallimard, Paris, 1996, p. 47
[xiii]
Peter Washington, La Saga théosophique, De
Blavatsky à Krisnamurti, traduit de l’américain par Raoul de Claunet,
Editions exergue, Chambéry, 1993-1999, p. 54
[xiv]
Jacques Dupont, "L’Inde d’un Narcisse",
Loti en son temps, Colloque de Paimpol, interférences, Presses
universitaires de Rennes, 1994, p. 124
[xv]
Claude Martin,
introduction à L’Inde ( sans les
Anglais), (1903), repris dans Pierre
Loti, Voyages (1872-1913), Bouquins,
Robert Laffont, Paris, 1991, p. 652
[xvi] Claude Martin, introduction
à L’Inde ( sans les Anglais), (1903),
repris dans Pierre Loti, Voyages (1872-1913), Bouquins, Robert
Laffont, Paris, 1991, p. 667
[xvii]
Cardinal Henri de Lubac, La Rencontre du
bouddhisme et de l’Occident, Œuvres complètes XXII, Section 6, Cerf, Paris,
2000, p. 127
[xviii]
Religions de l’Inde, 1825, première partie des Religions de l’antiquité
considérées principalement dans leurs formes symboliques et mythologiques,
1851
[xix]
Cardinal Henri de Lubac, La Rencontre du
bouddhisme et de l’Occident, Œuvres complètes XXII, Section 6, Cerf, Paris,
2000, p. 188
[xxi]
Sur les rapports entre l’Inde et l’Europe, 1835
[xxii]
Cardinal Henri de Lubac, La Rencontre du
bouddhisme et de l’Occident, Œuvres complètes XXII, Section 6, Cerf, Paris,
2000, p. 188
[xxiii]
Claude Martin,
introduction à L’Inde ( sans les
Anglais), (1903), repris dans Pierre
Loti, Voyages (1872-1913), Bouquins,
Robert Laffont, Paris, 1991, p. 652
[xxiv]
Claude Martin, Introduction à Pierre Loti, L’Inde ( sans les Anglais), (1903), repris dans Voyages (1872-1913),
Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1991, p. 650
[xxv]
Peter Washington, La Saga théosophique, De
Blavatsky à Krisnamurti, traduit de l’américain par Raoul de Claunet,
Editions exergue, Chambéry, 1993-1999, p. 163
[xxvi]
Pierre Loti, Cette éternelle nostalgie,
Journal intime 1878-1911, La Table ronde, Paris, 1997, p. 359
[xxvii]
Cité par
Claude Martin,
Introduction à Jérusalem, p. 447
[xxviii]
René Guénon, Orient et Occident, Guy
Trédaniel, Editions de la Maisnie, Paris, 1987, p. 140
[xxix]
René Guénon, Le Théosophisme, histoire d’une
pseudo-religion, Editions traditionnelles, Paris, 1996, p. 103
[xxxi]
Peter Washington, La Saga théosophique, De
Blavatsky à Krisnamurti, traduit de l’américain par Raoul de Claunet,
Editions exergue, Chambéry, 1993-1999, p. 17
[xxxiii]
René Guénon, Le Théosophisme, histoire d’une
pseudo-religion, p. 8
[xxxiv]
Cardinal Henri de Lubac, La Rencontre du
bouddhisme et de l’Occident, Œuvres complètes XXII, Section 6, Cerf, Paris,
2000, p. 213
[xxxv]
Antoine Faivre,Théosophie, Encyclopaedia
Universalis 22, Editeur à Paris, 2002, p. 580
[xxxvi]
Pierre Loti, Cette éternelle nostalgie,
Journal intime 1878-1911, La Table ronde, Paris, 1997, p. 426
[xxxviii]
Alain Quella-Villégier précise
qu’ « après avoir "manqué le rendez-vous de Madame Annie
Besant" à Calcutta le 17 février, Loti l’a rencontrée à Bénarès durant la
semaine qu’il y a passée du 18 au 25 février, a priori le 24 vu le journal
[…]. Une lettre du 13 mars 1902 lui
est, d’autre part, adressée pour introduire, auprès d’elle, ses amis Gervais
Courtellemont qui ont "un profond désir d’acquérir la connaissance
sans quoi je ne vous les aurais pas adressés. Depuis mon passage à Bénarès, je
n’ai fait que courir le monde, etc."
»
[xxxix]
Cité par
Claude Martin, appareil critique de
Pierre
Loti, Voyages (1872-1913), Bouquins,
Robert Laffont, Paris, 1991, p. 1492
[xl]
Peter Washington, La Saga théosophique, De
Blavatsky à Krisnamurti, traduit de l’américain par Raoul de Claunet,
Editions exergue, Chambéry, 1993-1999, p. 97
[xli]
S. Glachant, La vie d’Annie Besant, Les
éditions Adyar, Paris, 2004, p. 114
[xlii] René Guénon, Orient et Occident, Guy Trédaniel,
Editions de la Maisnie, Paris, 1987, p. 144
[xliii]
Marie-Jeanne Hublard, L’Attitude
religieuse de Pierre Loti, Thèse présentée à la faculté des lettres
de l’université de Bâle, imprimerie Saint-Paul, Fribourg, Suisse, 1945, p. 23
[xliv]
Alain Quella-Villéger, Pierre Loti, le pèlerin
de la planète, Biographie, Aubéron, Bordeaux, 1998, p. 224
[xlv]
Peter Washington, La Saga théosophique, De
Blavatsky à Krisnamurti, traduit de l’américain par Raoul de Claunet,
Editions exergue, Chambéry, 1993-1999, p. 38
[xlvi]
Pierre Loti, La Galilée, (1895), repris dans Voyages (1872-1913),
Bouquins, Robert Laffont, Paris, 1991, p. 583