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Elissa Rhais                                                                                        [1 / 8 ]
Amina Azza Bekat / Université de Blida
 
Raisons du choix

      C'est une des figures marquantes de la littérature dite coloniale et, de plus, l'un des personnages littéraires les plus connus de la ville de Blida. Une réédition récente dans une édition algérienne (Bouchène, 2003) nous permet désormais de lire et de relire ces textes oubliés. Cela est intéressant à plus d'un titre. D'une part, parce que ces oeuvres font désormais partie de  notre patrimoine et que les passions s'étant apaisées, il est utile de reconnaître toutes les facettes de notre identité ( et peut-être en ce qui nous concerne de rêver à une Algérie multi-ethnique et multiconfessionnelle qui aurait pu être et dont nous avons le regret) et d'autre part, parce que cette figure de la littérature présente un aspect mystérieux dû à la personnalité de l'écrivain. Une longue polémique se cache derrière ce pseudonyme, polémique qu'il n'est pas dans mon intention de raviver ici mais qu'il est utile d'évoquer brièvement pour situer l'écrivaine[1]. La préface à l'édition Bouchène de 2003 de Saada la marocaine, préface signée Joseph Boumendil, évoque la figure de l'écrivaine:

  Voici une romancière, née en Algérie, qui eut toutes les faveurs du public français au cours des années 1920. Elle publia une bonne dizaine de livres en quelques années, fut fêtée à Paris et retourna vivre à Blida pour mourir en silence au début de la guerre. Oubliée…
Cette femme fut une des toutes premières, dans l'Algérie coloniale à produire une œuvre originale et attachante. Une œuvre de femme… Rosine Boumendil, épouse Amar puis Chemoul , écrivaine juive raconte dès 1919 ses sœurs maghrébines(p.7)
   On raconte qu'elle était mi-juive mi-arabe, qu'elle s'appelait Rosine ou Leïla que ses oeuvres avaient été écrites par son fils adoptif, Paul Tabet, qui était aussi son amant ce que semble conforter la parution en 1997 de La fille d'Eléazar ou Les Juifs (Editions L'Archipel, 1997), préfacée par Paul Tabet qui n'est autre que le fils de l'écrivain. Il semble que des travaux en cours  "permettront de remettre les pendules à l'heure" comme le dit Joseph Boumendil dans la préface Saada la marocaine.(p.7)D'autres pensent qu'elle était arabe et que, de par cette position, elle était à même de connaître la vie musulmane de l'intérieur. Jean Déjeux dément:
    Rosine suivit les classes de l'école des religieuses catholiques de Blida: elle y fit de bonne études, jusqu'à l'âge de douze ans. Elle ne fut pas du tout enfermée dans un harem en kabylie(Cf le livre de Paul Tabet). Seulement elle fut mariée à Moïse Amar qui était rabbin de la synagogue de la rue Sabine, dans la Basse-Casbah à Alger. Elle eut plusieurs enfants(…) Rosine Amar divorce en 1914, semble-t-il. Elle se remarie avec Mardachée Chemoul(…) Elle avait adopté comme "fils"(…) Raoul (Robert) Tabet.[2]
    Plus tard, à Alger, elle tint un véritable salon littéraire qui eut un certain succès dans la colonie. Elle décide d'aller à Paris pour se faire éditer ce que le mari n'approuva pas et les époux se séparèrent. Louis Bertrand lui donne alors une lettre pour René Doumic. Grâce à cette introduction et à sa littérature qui répondait sans doute à une certaine attente elle est acceptée par la Revue des deux mondes et les éditions Plon. Jusqu'en 1925 on la fait passer pour une arabe musulmane ce que semble corroborer sa parfaite connaissance des milieux arabes ainsi que de la langue.
   Les deux sujets de prédilection de l'auteur seront les femmes et les milieux juifs. Que reste-t-il de tout cela ? Quelques livres très agréables à lire et que nous nous proposons d'étudier pour montrer comment le regard de l'écrivain s'attarde à décrire la société coloniale et en particulier les femmes.


[1] Nous avons essayé de rechercher dans la période correspondant à ses premiers succès, dans Le Tell  le journal de Blida qui parut  deux fois par semaine pendant de longues années, des informations concernant cet écrivain. La seule mention qui en est faite pendant la période de 1920 à 1930 est: "Nous avons appris le succès en licence de M. Edmond Rhais qui a fait ses études secondaires au lycée de Blida et qui est le fils de Madame Elissa Rhais, femme de lettres, avec mention très bien."
[2] Cité par Sakina Messadi in  Les romancières coloniales et la femme colonisée, Alger, Anep, 1990,p.53
  
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