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Présentation de la
société
Les
littératures de l'ere coloniale
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Les Tharaud et Lyautey
Michel
Leymarie
Quand les Tharaud arrivent au Maroc en 1917, ils n’ont jamais rencontré Lyautey, qu’ils célébraient déjà en 1910 dans Paris-Journal et en qui ils voyaient « un type
accompli de soldat administrateur », disciple lointain de Bugeaud et
proche de Gallieni, un homme dont le mérite est d’avoir donné la formule de la
« pénétration pacifique ».
Le général, à les en croire, aurait lu La Fête arabe quand il était en
poste à Oran ; le livre lui aurait plu « parce qu'il répondait à ses
pensées ».
Les deux frères, jumeaux dans l’écriture, -ils sont
nés respectivement en 1874 et 1877- ont connu une première notoriété avec Dingley,
l’illustre écrivain, prix Goncourt 1906. Toujours proches de Péguy, dont
ils accompagnent l'évolution, ils s'inscrivent de plus en plus explicitement
dans le courant nationaliste à la suite de leur maître Barrès ; avant la Grande
Guerre, ils campent résolument à droite, écrivant dans des journaux ou des
revues où est saluée l'œuvre militaire et administrative du Résident général.
La rencontre des Tharaud et de Lyautey revêt pour les
deux romanciers une importance particulière, d’abord parce que, pour ces
écrivains nationalistes, elle intervient au terme d’une évolution idéologique
qu’elle cristallise ; ensuite parce que leur séjour au Maroc est à
l’origine d’une nouvelle source d’inspiration et d’une série qui se compose de
trois œuvres : Rabat, ou les heures marocaines en 1919, Marrakech, ou
les Seigneurs de l'Atlas en 1920, Fez, ou les Bourgeois de l'Islam
en 1930.
Ce triptyque, il faut le noter d’emblée, ne relève pas comme deux de leurs
œuvres précédentes, -Dingley ou La Fête arabe- du genre romanesque, mais il tient davantage
du reportage, des « choses vues ». Enfin, cette série marocaine qui,
selon le spécialiste de la littérature coloniale qu’est Roland
Lebel, constitue un modèle du genre illustré précédemment par Loti,
Chevrillon et Bertrand,
va contribuer à diffuser et magnifier l’image de Lyautey et elle permet aux
Tharaud d’identifier en France même, par leurs articles et par leurs livres, le
Maroc et le Résident général.
Des romanciers nationalistes
En 1906, Dingley, l'illustre Écrivain
témoignait des inquiétudes et des aspirations de ces romanciers : inquiétudes
de la faiblesse française devant l'Angleterre, forte, elle, de son Empire;
désir de voir assuré un domaine colonial qui permît de compenser l'amputation
de l'Alsace-Lorraine et de restaurer une fierté nationale amoindrie. En 1912,
les Tharaud ont peur de voir entravée l'expansion française. Dans leur Fête
Arabe, ils content l'histoire d'un médecin militaire qui s'est fixé en
Algérie dans une oasis du Sud Oranais et qui, afin d'œuvrer à « la
collaboration de l'esprit arabe et de l'industrie française », souhaite
développer l’activité de la petite ville de Ben Nezouh dont il est le maire.
Mais des flots d'émigrants, rapidement naturalisés, dépossèdent le Français et
bouleversent la société locale. La ville arabe tombe en ruine, les équilibres
économiques et sociaux sont rompus ; le médecin est obligé de quitter l'oasis
et choisit de s'enfoncer dans le Sud pour chercher la véritable vie arabe. La
Fête arabe, écrivait Daniel Halévy, est « un livre triste » ;
en effet, échoue ce rêve d’une conciliation entre un colonisateur idéal et un
pays dont le caractère propre serait conservé. En ce sens, La Fête Arabe
est bien, après Dingley, un cri d'alarme : la France paraît
incapable aux yeux des romanciers sinon de conquérir, du moins de stabiliser sa
conquête coloniale. Victor Margueritte est le premier, en 1912, dans le Figaro, à mettre en rapport La Fête Arabe et l'entreprise
de Lyautey au Maroc:
« Une
autre France, c'est à cette création fabuleuse que nous assistons, et sans nous
en douter encore, une autre France dont l'Algérie n'est plus qu'une province.
Une France gigantesque, qui englobe la presque totalité de l'Afrique du Nord,
descend à l'Ouest, au Sud, jusqu'au cœur équatorial. Une France inconnue de
l'ancienne, et dont l'immense empire s'ébauche. »
Et Victor Margueritte conclut en affirmant que c'est
dans la « conciliation » qu'est le secret de la réussite et de
l'avenir : « Bonne méthode qu'appliquera sans doute au Maroc, et au fur et
à mesure de sa conquête, le général Lyautey - celle-là même que souhaitait, en
somme, le héros des Tharaud, dans la Fête Arabe. [...] Une seule
politique coloniale, la franche collaboration du colon et de l'indigène
! »
Cette conciliation ne pouvant se faire, faut-il le dire, dans l'esprit des
Tharaud comme dans celui de Margueritte, que sous la conduite éclairée d’un
colonisateur français, sous la direction d'un de ces « meneurs
d'hommes » chers à Robert Randau.
Deux territoriaux dans la guerre
Appelés à l'activité le 6 août 1914, les deux frères
sont versés dans l'armée territoriale en raison de leur âge. Remplissant des
fonctions sans gloire, ils font preuve d’une résolution certaine. Pourtant, la
participation aux opérations militaires de ces patriotes résolus est atypique.
Tout d'abord, et contrairement à nombre de camarades de promotion du normalien
Jérôme, ils ne sont pas officiers : l'aîné est simple soldat, le cadet
caporal. Ensuite ces deux frères qui non seulement écrivent mais vivent
ensemble ne veulent à aucun prix s'éloigner l'un de l'autre. C'est pourquoi,
sans chercher à obtenir des emplois plus brillants qui les auraient séparés,
ils font toute la campagne dans la 94ème division d'infanterie
territoriale d'Angoulême, d’abord sur la ligne de l’Yser, puis sur celle de
Soissons et de Reims, avant d’être « intercalés
dans des formations d'active »
en juillet 1916. La guerre leur paraît être alors « un voyage en troisième
classe […] vers une destination inconnue ».
Plusieurs journalistes ou hommes de lettres, comme
leur ami le capitaine Louis Gillet, ont alors été engagés à la Section
d'Information. La tentation pourrait être grande de rejoindre certains
confrères dans un service que dirigé Maurice Pernot, un ancien condisciple de
Jérôme, et où sont nommés le sous-lieutenant Madelin et le capitaine Henry
Bordeaux. Mais Jérôme Tharaud entend d'abord rester à son poste : « Le
Bureau de la Presse, c'est le bureau des embusqués », clame-t-il en
février 1916 ; et en novembre, il continue d'avoir de la répugnance à
s’éloigner du front.
Ils veulent voir, ils veulent aussi écrire. Chez les deux frères, l'idée prend
alors corps de devenir correspondants de guerre. Ils espèrent un temps partir
pour la Roumanie, pour Salonique ou pour Saint-Pétersbourg et leurs amis
s'entremettent. Louis Gillet écrit à Louis Madelin, à la Section de la Presse :
« Avez-vous pu penser à mes amis les frères Tharaud ? Ce sont
encore des talents bien mal utilisés. Ils croupissent comme cyclistes ou
vaguemestres dans un vieil imbécile de régiment territorial, dans un des coins
les plus morts et les plus mornes de tout le front. Ils feraient, tous deux,
surtout l'aîné, d'excellents reporters militaires. [...] Tâchez de les
repêcher, pour eux-mêmes et pour la France ».
Mais leur
mutation est d'autant plus difficile qu'ils sont toujours de simples soldats et
qu'ils n'envisagent pas de se séparer. A deux reprises, affirme Jean de
Pierrefeu, « on songea à s'assurer le concours des deux frères, mais il
fut impossible de faire comprendre au bureau du personnel les nécessités de la
collaboration littéraire. Il voulait bien affecter l'un ou l'autres des deux
frères, mais aucun règlement ne permettant de les placer tous les deux à un
même poste, il fallut y renoncer ».
Les Tharaud consultent leurs relations, jugeant « absurde de continuer à
croupir » dans un régiment de territoriaux ;
ils sollicitent Barrès en décembre 1916, lui demandant même son avis sur une
possible action d'Édouard Herriot, un ami de collège dont ils sont alors bien
loin politiquement mais qui pourrait les « aider à sortir de [leur]
sordide humilité et de [leur] ennui ». A Barrès, qui approuve leur idée de
partir comme correspondants de guerre,
Jérôme suggère de « tourner la difficulté. Peut-être par
Lyautey » qui, écrit-il, les « connaît de nom »
mais qui doit être déjà, dit Jérôme à sa femme, « environné de
coolies et [à qui on] reproche de se faire, comme Sarrail, une cour».
En avril 1917, après l'échec de l'offensive de
Nivelle, la division de territoriaux dans laquelle servent les Tharaud est
dissoute. Leur ami
Champion, attaché au cabinet de Lyautey, « remet en question, pour [eux]
le Maroc ». Enfin, un
officier d'ordonnance de Joffre, profite d'une réorganisation du Bureau
d'Information au Grand Quartier Général pour les faire muter.
Les deux frères partent ensemble, à la même date, mis à la disposition du
Résident au Maroc. C'est après une longue traversée de l'Espagne qu'ils
arrivent presque en guenilles à Casablanca le 26 juin 1917 pour un premier
séjour au Maroc qui va durer jusqu'au 7 mai 1919.
Comme leur ordre de route ne porte aucune date précise d'arrivée, les Tharaud
profitent de ce voyage pour visiter Cordoue, Séville et Grenade. Jérôme précise
à son épouse les circonstances de leur arrivée:
« Mon bon cœur, nous sommes arrivés -et comment
!-sans un sou ! Ainsi débarquaient, jadis, au Mexique et au Pérou les
Conquistadors. Mais eux, ils avaient une épée et nous n'avons que notre plume !
Nous aurions été bien embarrassés sans l'excellent Charles Saint-Riquier et
surtout sans les Champion qui s'emploient à nous servir avec une obligeance
parfaite et vont nous avancer l'argent nécessaire à notre installation».
Lyautey, dès l'arrivée des Tharaud, aurait donné
l’ordre de les dégager de toute servitude militaire et de les promener dans le
pays. « Leur devoir à eux, c'est de connaître le Maroc. Ce sont des
écrivains, qu'ils écrivent ! », rapporte d’Ormesson.
Les frères Champion les emmènent à Rabat, d'Ormesson les présente à Lyautey qui
les reçoit dans sa résidence, l'ancien consulat d'Allemagne. Désireux de voir
populariser en métropole sa tâche colonisatrice et son action de bâtisseur,
attaché à faire connaître le Maroc, le Résident général « passe pour se
plaire en compagnie des gens de lettres, note André Billy en 1921. Ce brillant
cavalier s'est composé un état-major d'intellectuels et d'artistes».
Au lendemain de leur arrivée, ignorant s'ils seront appointés, Jérôme
écrit : « Nous voyons la tournure que nous allons donner à nos
articles. Il me semble que nous écrirons assez vite d'agréables choses ».
Cependant, leur première travail, dès septembre, est un travail de pure
propagande : avec Pierre Champion, détaché au cabinet civil de la Résidence,
ils mettent en œuvre un projet cher à Lyautey : utiliser des séries de
clichés appartenant à la Résidence pour en faire faire des cartes postales par
les ateliers photographiques Longuet à Paris, qui se charge de les imprimer et
de les diffuser largement en métropole.
Le général s’attache à eux, -à Jérôme surtout-, et les emmène dans ses
tournées. Une nouvelle vie commence pour les Tharaud, qui vont pouvoir
concilier leur désir d'écrire et de devenir des chantres de cette Grande
France à laquelle ils aspirent.
Rabat et Marrakech,
deux romans coloniaux à succès
Les Tharaud se sont remis très vite à leur tâche
d’écrivains, afin de « présenter au lecteur des visions colorées et justes
du Maroc actuel ».
Rabat, ou les heures marocaines paraît d'abord de septembre 1917 à mai
1918 sous le titre La Foire de Rabat dans la Revue des Deux Mondes. Un volume est publié chez Émile-Paul sous
son titre définitif l’année suivante, avant de paraître chez Plon en 1921,
dédié à Pierre et Édouard Champion.
Tirée à 5000 exemplaires chez Emile-Paul, l'œuvre est rééditée chez Plon, ce
qui permet une relance de la vente : en juin 1922 sont déjà atteintes les
34ème et 35ème éditions de 1000 exemplaires chacune.
Toutes éditions confondues jusqu'après la Deuxième Guerre, le chiffre total du
tirage de Rabat dépasse les 90 000 exemplaires.
En septembre 1918, les Tharaud ont « écrit à peu
près la moitié d'un volume sur le front de l'Atlas, et […] réuni les éléments
nécessaires pour raconter la vie d'un grand Seigneur de l'Atlas, Si Madani
Glaoui qui vient de mourir ». « Cette biographie nous donnerait un
bien joli cadre pour donner une histoire de l'idée marocaine depuis trente
ans », précise Jérôme.
D’abord donné en feuilleton à la Revue
des Deux Mondes d'avril à octobre 1919 sous le titre Le Front de l'Atlas, l’ouvrage paraît chez Plon en 1920 sous
celui de Marrakech, ou les Seigneurs de l'Atlas.
Plon effectue un premier tirage de 40 270 exemplaires, presque tous vendus en
mai 1924. Toutes éditions confondues, le tirage de Marrakech atteindra
le chiffre de 176 500 exemplaires.
Rabat se
présente sous la forme d'une série de promenades dans les villes de Rabat et de
Salé, qui conduisent à des aperçus historiques et mythologiques, des réflexions
sur les « filles de la douceur » ou bien à des méditations à la
Barrès. Un proverbe revient en leitmotiv : « la fantasia dure sept
minutes, l'amour sept secondes et la misère toute la vie... », livrant ce
que les deux frères pensent être la philosophie de l'Islam, une philosophie
faite de fatalisme déjà évoquée dans la Fête arabe. De fait, les Tharaud
restent toujours sur le seuil de « cette demeure d'Islam » et le
Maroc leur demeure étranger ; ainsi, dans Rabat,
écrivent-ils : « Islam, Islam, qu’il est donc difficile de pénétrer
dans ton mystère » ; une maison d’Islam leur paraît « toute
repliée sur elle-même et orientée vers le secret ».
Rabat,
« flux d'impressions rapides » selon Daniel Halévy, prouve à Paul
Souday que les Tharaud sont, comme Loti, « avant tout des notateurs de
choses vues ».
L’ouvrage est bien accueilli dans le cercle des Français du Maroc : Jean
lut à un cercle d'intimes les premiers chapitres de Rabat tandis
que « Jérôme épiait nos réactions sur nos visages, précise d’Ormesson.
Nous fûmes tous ravis».
« Le général Lyautey doit être content », juge André Billy: « Rabat
ou les heures marocaines chante magnifiquement l'hymne à la vie musulmane,
et nul n'ignore que le Résident s'est posé en défenseur déterminé des
traditions islamiques. » Effectivement, comme le dit le critique, il y a
« peu de mots, dans ce livre, sur notre effort colonisateur. Ce n'était
pas le sujet. Il ne s'agit ici que de choses arabes ».
Néanmoins l'œuvre est en parfait accord avec la pensée de Lyautey qu'exprime
d'Ormesson : l'action du résident général « tendait à construire -ou
à reconstruire- un pouvoir central, un état, une nation. Mais Lyautey faisait
en sorte que cette œuvre centralisatrice et unificatrice restât marocaine ; c'est-à-dire qu'elle ne se
transformât absolument pas en administration française ».
Pour composer leur Dingley, les Tharaud avaient
mis leurs pas dans ceux d'André Chevrillon ; en venant au Maroc, ils suivent de
nouveau ce même Chevrillon qui avait publié en 1906 Un crépuscule d'Islam.
Maroc. Comme leur
prédécesseur, ils pourraient écrire :
« J’ai souhaité que, dans l’universel
enlaidissement de la planète par la civilisation de type industriel que nous
appelons la civilisation, ce pays-ci demeurât intact, et que là se perpétuât
par miracle le Moyen Age musulman, avec sa foi, ses formes originales, le rêve
spécial de ses foules, un libre rêve que nulle domination étrangère ne
viendrait limiter. J’ai fini par comprendre que tout vaut mieux que la présente
stagnation putride. Au contact de la vie étrangère, cette société se
reprendrait peut-être à tressaillir. »
Marrakech,
le deuxième livre de la série marocaine des Tharaud est dédié au général
Lyautey, en « hommage d’admiration, de gratitude et d’amitié ». Il
s’agit à la fois d’une visite guidée de la ville du Sud marocain et du récit
d'une campagne militaire suivie dans le sillage du Résident général. C'est lors
d'une expédition contre un chef de tribu réfugié dans l'Atlas à laquelle ils
prennent part que les deux frères voient Si Madani Glaoui, le plus grand
seigneur du Sud, à la tête d'une harka
de cavaliers et de fantassins indigènes ; lors des combats, Abd-El-Malek, le
fils de Madani Glaoui, meurt et sa mort précipite celle de son père.
Plus qu’un livre d'histoire, il s’agit d’un livre
d'histoires et d’un livre d'images, « un livre de voyage » qui, dit
Halévy, « appartient à ce genre ‘facile’ contre lequel Barbey d'Aurevilly
vitupéra jadis ».
Les descriptions que font les Tharaud dans Rabat et dans Marrakech corroborent
pleinement l’analyse d’Abdeljlil Lahjomri : il n’y a effectivement pas,
après Gabriel Charmes et Pierre Loti, « à partir de la signature du Traité
de Protectorat en 1912, une récréation de l’image du Maroc dans un
renouvellement de ses éléments constitutifs ». L’image du Maroc qui est
donnée est la même que celle que proposait Gabriel Charmes en 1887, celle
d’un pays encore proche du Moyen Age, dont l’immobilité n’est troublée que par des
dissensions internes.
C’est la même représentation d’un « vieux Maroc », sombre et
redoutable, que donne Pierre Loti en 1890.
Les deux ouvrages que les romanciers consacrent au
Maroc sont d'emblée considérés comme des chefs-d'œuvre de la littérature
coloniale. Un critique, François Le Grix, s'interroge dans la Revue hebdomadaire : « Coloniser,
est-ce civiliser ou déciviliser? »Dans
« le carnet de route, tout plein de la plus confiante allégresse, que
Jérôme et Jean Tharaud viennent de publier à la gloire de notre Maroc », ceux-ci font preuve d'une admiration sans
réserve pour « l'impériale besogne d'un Lyautey » et d'« une
admiration peu loquace, mais qu'on sent profonde, pour le labeur du proconsul
qui nous a dotés de notre dernier empire, pour le Jugurtha moderne qui ne
s'interrompt de combattre les Berbères qu'après nous les avoir réconciliés».
Signe du crédit dont les Tharaud jouissent dans les
milieux militaires : à la commande de 65 exemplaires groupée par le
Ministère de la Guerre s’ajoutent 38 exemplaires demandés pour les
bibliothèques de garnison. L’œuvre est également citée élogieusement dans les
anthologies coloniales : Marius et Ary Leblond, en 1929, citent le premier
chapitre de Marrakech ; l'édition de 1943 de leur anthologie affirme que
« dès leurs débuts, les Tharaud ont choisi et magistralement traité les
sujets d'intérêt puissant pour leur public national » et que
« plusieurs volumes illustrent notre pénétration au Maroc ».
Roland Lebel, dans son Histoire de la littérature coloniale en France,
fait aussi une belle place aux Tharaud ; il voit en eux des écrivains qui
« ont en eux la conscience de la
Grande France » et il oppose les deux frères à un André Gide :
« L'ouvrage d'un écrivain connu peut agir dans un sens ou dans l'autre,
c'est-à-dire faire beaucoup de bien pour un pays (Jérôme et Jean Tharaud et le
Maroc) ou beaucoup de mal au contraire (André Gide et le Congo)». Il vante Rabat
et Marrakech, ces « deux volumes expressifs » car « ce
sont là des ouvrages qui agissent plus par la diffusion du Maroc en France que
la plupart des travaux dits de vulgarisation ».
La diffusion du Maroc en France, tel
est bien le but que s'assignent les Tharaud, la diffusion d'une image du Maroc
et d'une image de Lyautey au Maroc. Ces colonialistes convaincus que sont les
deux frères exaltent une politique française d'expansion. Participant à la mise
en scène, ils contribuent à l'audience de l'expérience lyautéenne en France et
sont de ceux, comme le montre Daniel Rivet, qui font pénétrer cette mythologie
de Lyautey dans les milieux parisiens.
Une campagne militaire
En juin 1917, les Tharaud découvrent un
«Eldorado […] qu’ont jalousement convoité toutes les grandes nations de
l'Europe » et qui est « à peine soumis ».
Les moyens alors mis à la disposition du Résident général sont limités :
en juillet, « les tribus de l'Atlas, payées et armées par l'Allemagne, ne
sont maintenues dans leurs rochers que par quelques bataillons ».
Certes, la route de Taza a été ouverte en 1914. Mais la conjoncture est
incertaine ; ainsi le grand rapport de 1916 au ministre de la Guerre
présente la situation des troupes dissidentes et la stratégie mise en œuvre
pour les réduire ; Lyautey compare la zone insoumise à une
« besace », qu’il voudrait percer en deux. Par l'installation de
postes dans des zones peu ou pas contrôlées jusqu'alors, il entend combattre ce
que nos auteurs appellent le « désordre » des tribus berbères
groupées contre la France et armées par l'Allemagne.
La percée à travers l’Atlas selon une ligne nord-sud
dont sont témoins les Tharaud commence précisément l’été 1917 sur la Haute
Moulouya : une colonne venant de Meknès fait sa jonction avec des troupes
parties du Sud-Oranais qui viennent pour la première fois de traverser l'Atlas.
En novembre 1918, le couloir de Taza menace d’être submergé, mais le dispositif
militaire français ne craque pas. De l’été 1918 au printemps 1919 se développe
une nouvelle insurrection. 1918 est une année décisive, note Louis Barthou dans
La Bataille du Maroc
et les années 1919 et 1920 sont particulièrement dures. En janvier 1919,
Lyautey juge même la situation alors « franchement mauvaise ».
Sans entrer plus avant dans les détails d’une campagne
militaire connue, il suffira de dire ici que le couloir de Taza est élargi et
qu’au printemps 1919 la libre communication entre le Maroc occidental et le
Maroc oriental est assurée, même si la région de la Haute-Moulouya reste coupée
pendant la période d’hiver. Les Tharaud sont donc témoins d’une phase cruciale
de la conquête. A aucun moment la présence française au Maroc n'est remise en
cause ; au contraire, elle est justifiée par l’action et la manière de Lyautey
:
« Si nous n'étions pas venus, d'autres auraient
pris notre place, d'autres maîtres plus brutaux. Par une chance unique, la
fortune a voulu qu'un esprit ferme et généreux, une intelligente tendresse pour
l'âme de ce vieux pays ait policé ici la civilisation, lui ait enlevé son venin
et cette dureté qu'a presque toujours la puissance ».
L’action et l’image de Lyautey
L’image que les Tharaud, lyriques, donnent de Lyautey,
dès la première page de Marrakech, est celle d'une présence que
symbolise son fanion, flottant sur la voiture de tête de la colonne militaire
en campagne. Cette présence de Lyautey est d’abord une pensée et une conscience
: « En vérité ce n'est pas un chemin, c'est une pensée que nous suivons
derrière l'auto du Général […], une pensée qui se glisse, s'insinue par cette
vallée au cœur des tribus ennemies ».
Plus loin, un poste installé dans la montagne apparaît comme « une pensée
qui veille et rayonne autour d'elle, effroyablement isolée ».
Elle est aussi une action. Une phrase de Marrakech résume les qualités
que déploie le général : « Au-dessus de l'obéissance et de la discipline,
au-dessus même de la volonté qui sait prendre une responsabilité, il y a
l'imagination, la pensée qui découvre des solutions imprévues, […] à la guerre,
comme partout, ce qui fait des miracles, c'est l'esprit de poésie dans
l'action ». L'esprit de poésie dans l'action, ce
sont là les termes que les Tharaud employaient pour désigner leur Dingley,
eux qui aspiraient à être des Kipling français ; « la joie de l’âme
est dans l’action », telle est la phrase que fait graver sur une bague
Lyautey.
Si les Tharaud, comprenant les nostalgies des « passionnés
du vieux Maroc », notent bien « la rapidité des changements que nous
apportons ici »,
on ne trouve guère sous leur plume de réflexion sur les bouleversements
qu’impose un Etat colonial à une autre société. De même se trouve évacuée
l’analyse de la politique de « modernisation conservatrice » selon
l’expression d’Abdellah Ben Mlih, stratégie d’alliance avec les acteurs les
plus conservateurs de la société colonisée maintenus dans leurs privilèges et
« moyen de mettre la tradition au service de la ‘modernité’, c’est-à-dire
de la colonisation».
C’est sans doute la « politique des grands
caïds » et l’attitude de Lyautey face au Sultan qui donnent le mieux à
voir cette ambiguïté de la politique du Résident général. Cette politique, sur
le mode de l’administration anglaise est, on le sait, une façon d’étendre,
«presque sans effectifs ni opérations militaires »,
l’influence française, compte tenu de ses moyens relatifs.
Sous la plume des Tharaud, elle est transfigurée en une lutte du Moyen Age et
la constance des romanciers à voir demeurée au Maroc une « vie
féodale » prend ici tout son sens. Dans ces « barons de
l'Atlas », ils perçoivent des « seigneurs de la vieille
France »; devant leurs châteaux, ils s'écrient : « c'est notre Moyen
Age ressuscité par miracle».
Jacques Boulenger, dans l'Opinion,
remarque ainsi que « comme toute l'Angleterre impérialiste était résumée
en Dingley, voici, symbolisé par El Glaoui, les grands seigneurs du Sud, dont
la vie rappelle curieusement celle de nos barons du Moyen-Age, toute
d'intrigues et de combats, avec ses rapports de vassal à suzerain ».
Ces « barons » sont combattus par Lyautey,
un monarchiste légitimiste, ainsi que par le général de Lamothe, « lui
aussi, un vieil Africain, et en outre un vieux féodal de Savoie, admirablement
fait pour comprendre la féodalité de l’Atlas ».
Ils sont combattus avant de devenir des alliés ou des féaux. Quand les Tharaud
décrivent le respect dont le général
fait preuve, non sans ostentation, à l’égard du Sultan et d’un Maroc
qu’il aime effectivement, de ses traditions et coutumes, ainsi que de ses
situations héréditaires, Lyautey, lui, écrit plus prosaïquement à
Gouraud : « J’ai le sultan. Et puis, j’ai le Maroc avec qui je
communie dans le culte des mêmes traditions, dans le sentiment de la
hiérarchie, de la déférence, de la courtoisie ».
Jusqu’à la fin de leur vie, les romanciers ne cesseront de donner du Maroc
l’image d’un pays qui était en complète décadence et auquel « Lyautey a
redonné la vie, sa vie ancienne, sa vie d'autrefois, sa vie de toujours, et une
vie nouvelle ».
Au début des années vingt, les Tharaud, qui reviennent
pour de courts séjours au Maroc, continuent de célébrer « notre Proconsul
marocain » ;. Plusieurs
articles de l'Éclair, du Figaro, du Gaulois, une conférence à l'invitation de
Robert Garric ou bien une
anthologie de pages tirées de Rabat et de Marrakech en témoignent. La continuité de Gallieni et
Lyautey, « beaux types de Français, actifs, réfléchis et
cultivés », respectueux « de civilisations et d'âmes très
différentes des nôtres », est établie ; ainsi un article de la Revue hebdomadaire note que, « pour la première
fois dans l'histoire coloniale de la France, la fortune, en couronnant l'œuvre
de Gallieni et de Lyautey, a récompensé le génie».
Dans ces années, les Tharaud rassemblent leurs
souvenirs sur Péguy, l'ami de leur jeunesse, et sur Barrès, leur maître en
littérature ; l’on s’attendrait donc à trouver d’eux une biographie
consacrée à la figure du Résident général. Or il n'en est rien. En 1921, un
projet soumis par l'éditeur Crès à Plon ne se réalise pas.
Quand, écarté du Maroc, désenchanté, Lyautey revient en métropole en 1925, il
se partage entre son domicile parisien et sa demeure lorraine de Thorey et il
reçoit rue Bonaparte « au milieu de ses souvenirs et de ses soies
pendantes », étendards, drapeaux et fanions des campagnes et séjours au
Tonkin, à Madagascar et au Maroc ; le maréchal propose aux deux frères
d'écrire sa vie : « Tous les documents étaient là, admirablement
classés. […] Lettres privées et rapports officiels, il mettait tout à notre
disposition ». Mais ce projet, qui avait tout pour les séduire, ne se
concrétise pas davantage. Et les Tharaud tentent de justifier les raisons pour
lesquelles ils ne lui ont pas donné suite :
« Peut-être
sentions-nous qu'il y avait un fossé difficile à franchir entre la partie de sa
vie dont nous avions été les témoins, et celle que nous ne pouvions saisir qu'à
travers les documents. Peut-être, plus encore, étions-nous gênés par l'idée qu'en
dépit de notre admiration et de notre amitié, notre travail ne le satisferait
pas, et qu'avant de nous plaire à nous, il faudrait lui plaire à lui ».
Finalement, c’est André Maurois, « alerté par les
frères Tharaud »,
qui publie en 1929 la première grande biographie de Lyautey. Les romanciers,
malgré leur relatif éloignement, demeurent fidèles à la personne et à l'image
de Lyautey et
participent à des ouvrages collectifs comme Le Visage de la France,
publié en 1927 et préfacé par le maréchal. En 1930, ils préfacent à leur tour Notre
protectorat marocain d'André Colliez
et reviennent dans La Revue des vivants sur « les grands jours de
la France marocaine » ; la présence française avait abouti à « cette
destruction de l’Algérie musulmane, cette incompréhension des choses indigènes
par les colons européens qui venaient s’y implanter ». Ils trouvent
réalisé sous leurs yeux ce qu’ils rêvaient : « un magnifique essai
pour accorder ensemble deux civilisations » ; « ce que notre
administration n’avait pas su faire en Algérie, Lyautey était en train de
l’accomplir au Maroc ».
Ils continuent à monnayer leurs souvenirs dans diverses conférences avant comme
après la Seconde Guerre mondiale. Trente ans après Rabat, les Tharaud
reviennent dans leur autobiographie sur le « miracle » qu’aurait
réussi Lyautey; d’unir deux
civilisations « dans une oeuvre commune ».
« Aujourd’hui le rêve est repris », dit le
narrateur de Rabat.
Alors que les Tharaud révélaient avant la Grande Guerre dans leurs romans une
faiblesse française -Dingley- ou un échec -la Fête arabe-, ils
ont désormais en Lyautey leur héros qui prolonge et réalise au Maroc
leurs propres aspirations de journalistes et d’écrivains nationalistes. Ce chef
en action qui rayonne et domine, selon l’expression de Guillaume de Tarde,
permet de restaurer outre-mer une vitalité française qui avait été mise à mal
par Sedan et par Fachoda et que les divers « romans de l'énergie
nationale » laissaient espérer. Nos colonies, disait Lyautey dans son
discours d’Oran en 1907, constituent « la plus belle école d'énergie,
celle même où se retrempe, où se refond la race, comme en un creuset ».
Daniel Halévy écrit dans son Éloge de Jérôme
Tharaud que «le miracle de l'heure marocaine dans la vie de Jérôme
c'est qu'il y satisfit ensemble son goût de l'exotisme et ses affections
françaises ».
Cet exotisme a, il faut le souligner, au-delà des Tharaud, partie liée avec la
conquête coloniale, et constitue bien une « création politique » ;
l’orientalisme, écrit justement Tzvetan Todorov, est un « style occidental
de domination, de restructuration et d’autorité sur l’Orient ».
Avec Lyautey, héros heureux d’une Grande France
triomphante, le charme - ou plutôt le maléfice - est désormais rompu : la
France est enfin une grande puissance, c'est-à-dire une grande puissance
coloniale. Les Tharaud sont passés d’un rêve d'affirmation nationale et de
conquête coloniale au constat que l'une et l'autre étaient en voie de
réalisation grâce à l'action du général ; dans le même temps, ils contribuent,
en magnifiant l'œuvre colonisatrice de la France au Maroc, à faire de la figure
bien réelle de Lyautey une image mythique et politique, un véritable mythe
politique.
___
NOTES
Jérôme et Jean THARAUD, « Un soldat administrateur », Paris-Journal, 19 décembre 1910.
Bibliothèque Nationale de France (B.N.F.), Département des Manuscrits :
Fonds Barrès, Jérôme Tharaud à Maurice Barrès, 20 décembre 1916.
Jérôme et
Jean THARAUD, « Ces voyages à qui nous devons tant », Conferencia. Journal de l'Université
des Annales, n° 12, 15 décembre 1948, p. 489.
Les Tharaud rendent compte de la vie dans trois des quatre villes où résida
Lyautey : Rabat, Marrakech et Fez ; Casablanca, sans doute jugée trop
occidentalisée, n'a pas trouvé grâce à leurs yeux.
Roland LEBEL, Le Maroc dans les Lettres d'expression française, Paris,
Éditions Universitaires, 1956, p. 38.
Daniel HALEVY, Éloge de Jérôme Tharaud. Pages écrites pour un
discours qui ne sera pas prononcé, Paris, Grasset, 1954, p. 36.
Victor MARGUERITTE, « L'autre Conquête », Le Figaro, septembre 1912, Fonds Tharaud, Bibliothèque Municipale
de Versailles, (B.M. Versailles) : Dossier 6.
Jérôme et Jean THARAUD, La double
Confidence, Paris, Plon, 1951, p. 143.
B.N.F. : Fonds Barrès, Jérôme Tharaud à
Maurice Barrès, 22 juillet 1916.
Jérôme et Jean THARAUD, Une Relève, Paris, Plon, 1924, p. 162.
B. M. Versailles : Fonds Tharaud, Jérôme Tharaud à Renée Parny, 14 février
1916
« Nous avons fait
toute la campagne ici. Il serait bon de l'y finir »,
Ibidem, 21 novembre 1916.
Archives Nationales (A. N.), Papiers Madelin, 355/ AP / 3.
Jean de PIERREFEU, G. Q. G. Secteur 1. Trois ans au grand quartier général,
Paris, Édition française illustrée, 1920. t. I, p. 170-172.
B. M. Versailles : Jérôme Tharaud à Renée Parny, 26 octobre 1916.
B.N.F. : Fonds Barrès, Jérôme Tharaud à Maurice Barrès, 4 décembre 1916 et
à sa femme le même jour ; Jérôme Tharaud à Maurice Barrès, 20 décembre
1916.
B. M. Versailles : Fonds Tharaud, Jérôme Tharaud à Renée Parny, 27
novembre 1916.
Conferencia, op. cit., p. 489.
B. M. Versailles :
Fonds Tharaud : Jérôme Tharaud à Renée Parny, le 27 avril 1917.
« Mettez-vous en rapport avec Pierrefeu, leur conseille-t-il, et je vais
de mon côté faire mon possible pour que vous puissiez partir à la nouvelle
combinaison. » Lettre du Commandant Thouzellier, 2 mai 1917, transmise par
Jérôme Tharaud à Renée Parny.
Archives départementales de la Charente (A. D. 16) : Angoulême, Série R.
Registre matricule. 1894.
Fonds Tharaud, loc. cit. Jérôme Tharaud à Renée Parny, 29 juin 1917.
« Ce voyage avait épuisé leurs maigres ressources. Ils n'avaient
exactement plus rien en débarquant à Casablanca. Ils ne possédaient même qu'une
seule pèlerine à eux deux, ayant dû vendre l'autre pour se procurer quelques
sous en Espagne », Wladimir d’ORMESSON, Auprès de Lyautey, Paris,
Flammarion, 1963, p. 142.
Daniel RIVET, « Les bâtisseurs d'Empire », in Pascal Blanchard
et Armelle Châtelier (dir.), Images
et colonies. Paris, Syros et ACHAC, 1993, p. 67-72.
André BILLY, La Muse aux besicles. Essai de critique littéraire, Paris,
La Renaissance du Livre, 1921. p. 181.
Sont
invités au Maroc dans l'après-guerre, des professeurs d'université, des
hommes politiques appartenant au juste milieu –par exemple Bardoux-, des
écrivains (Lichtenberger, Chevrillon, Gide, Desjardins, Hamp…) et des
spécialistes de la question coloniale, Daniel
Rivet, Lyautey et l'institution du protectorat français au Maroc, Paris, L’Harmattan, 1988, t. III, p. 170 et
sq.
B. M. Versailles : Fonds Tharaud : Jérôme Tharaud à Renée Parny, 29
juin 1917.
Archives de la Ville de Nancy : Fonds Geffroy. Jérôme Tharaud à Pierre
Champion, 22 septembre 1917.
I.M.E.C., Archives de la Revue des Deux
Mondes, J. et J. Tharaud à René Doumic, 28 août 1917.
Jérôme et Jean THARAUD, Rabat, ou les heures marocaines, Paris, Émile-Paul frères, 1919 ; Plon, 1921.
Archives privées Gillet. Jérôme Tharaud à Louis Gillet, 11 septembre 1918.
Jérôme et Jean THARAUD, Marrakech, ou les Seigneurs de l'Atlas, Paris,
Plon, 1920.
Rabat, op. cit., p. 252, p. 37, p. 19. « Je ne pénétrerai
jamais leur secret », Ibidem, p. 57.
Daniel HALEVY, « Marrakech », Revue
Universelle, t. I, n° 6, 15 juin 1920, p. 744. Paul SOUDAY, Le Temps, 26 juin 1919.
Wladimir d’ORMESSON, Auprès de Lyautey, op.
cit. , p. 143.
André BILLY, La Muse aux besicles, op. cit. , p.185.
Wladimir d’ORMESSON, Auprès de Lyautey, op.
cit. , p. 152.
André CHEVRILLON, Un crépuscule d'Islam. Maroc, Paris, Hachette et Cie, 1906 ; Marrakech dans les palmes, Paris,
Calmann-Lévy, 1919. Chevrillon, sur les mêmes thèmes, publie Les puritains
du désert. Paris, Plon, 1927.
André CHEVRILLON, rééd. Eddif, Casablanca, 1999, Coll. Bibliothèque
arabo-berbère dirigée par Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, présentation de
Jean-Dominique Durand, p. 145.
Daniel HALEVY, « Marrakech », Revue Universelle. T. I, n°
6, 15 juin 1920, p. 743.
Gabriel CHARMES, Une ambassade au Maroc, Paris, Calmann-Lévy, 1887, cité
par Abdeljlil Lahjomri, Le Maroc des heures françaises, Editions Marsam
et Stouky, 1999, p. 125.
François LE GRIX, « Coloniser… Civiliser ? », Revue
hebdomadaire, 14 août 1920, p. 212 et 216.
Marius-Ary LEBLOND, Anthologie coloniale. Morceaux choisis d'écrivains
français, Paris, Peyronnet et Cie, 1929. 2 ème édition, 1943, p.
71.
Roland LEBEL, Histoire de la littérature coloniale en France, Rochefort-sur-Mer, Librairie Larose,
1931, p. 84 et 117.
« Lyautey a enfin réussi à accréditer dans le milieu dirigeant parisien le
modèle de l'Inde anglaise si longtemps tenu en suspicion », Daniel RIVET, op.
cit., t. II, p. 178. Voir, en
outre, Guillaume de Tarde, L'enseignement de Lyautey, Paris, École libre
des Sciences politiques. Conférences d'information, 2 décembre 1941.
Jérôme et
Jean THARAUD, Marrakech…, op.
cit. , p. 3 et p. 19.
Jérôme et Jean THARAUD, Rabat, op.
cit. , p. 150.
Jérôme et
Jean THARAUD, Marrakech…, op. cit., p. 28 et 30.
Louis BARTHOU, La Bataille du Maroc, Paris, Champion, 1919.
Lyautey à Wladimir d’Ormesson, Rabat, 6 janvier
1919, Lyautey l’Africain. Textes et
lettres du maréchal Lyautey présentés par Pierre Lyautey,
Tome IV et dernier, 1919-1925, Paris, Librairie Plon, 1957, p. 4.
Jérôme et Jean THARAUD, Rabat…, op. cit. , p. 279.
Jérôme et Jean THARAUD, Marrakech…, op.
cit. , p. 46.
L’analyse de ce vers faussement attribué à Shelley est menée par André Le
Révérend, op. cit. , p. 257.
Jérôme et Jean THARAUD, Rabat…, op. cit. , p. 228.
Abdellah BEN MLIH, Structures politiques du Maroc colonial, Paris,
L’Harmattan, Coll. Histoire et perspectives méditerranéennes, 1990, p. 151.
Lyautey l’Africain…, op. cit., Lyautey à Georges Clemenceau,
Président du Conseil, 15 juin 1919, p. 6-18, et « Directives générales
pour 1922 », Rabat, 14 décembre 1921 , p. 159.
Jérôme et Jean THARAUD, Marrakech…, op. cit. , p. 173.
Jacques BOULANGER, L' Opinion,
8 mai 1920. « Les Tharaud à Marrakech ».
Voir
l’analyse de Daniel RIVET in Lyautey et l’institution du protectorat
français …, op. cit., t. I, p. 184-187 et t. II, p. 178:
« Chacun des grands caïds
incarne un type, toujours brossé selon les canons de notre Moyen-Age. Le
M'touggi, c'est le « vieux baron », un peu papelard et fort retors.
El'Ayadi est une sorte de « raubritter » du Moyen-Age allemand. Le
Goundafi, que son chapelet ne quitte jamais, fait figure d'un prieur de
l'abbaye laïque et guerrière de Tagoundaft. Si Madani offre une réplique chleuh
du duc de Bourgogne ».
Jérôme et Jean THARAUD, « Réflexions sur nos œuvres marocaines », La
Revue des vivants, « Les grands jours de la France marocaine »,
n° 9, septembre 1930, p. 350 ; Jérôme et Jean THARAUD, La double
Confidence, Paris, Plon, 1951, p. 149 à 151.
Au général
Gouraud, commandant la 5e armée, Rabat, 23 janvier 1919, Lyautey
l’Africain…, t. IV, p. 28.
Pour Daniel Rivet, « en
homme de théâtre accompli, Lyautey affecte de servir le sultan comme s’il était
son premier vizir », Le Maghreb
à l'épreuve de la colonisation, Paris, Hachette littératures, 2002, p. 224 .
Jérôme et Jean THARAUD, Conferencia, op. cit., p. 489.
« L'Académie a reçu hier notre Proconsul marocain. L'œuvre du général
Lyautey », Éclair,
9 juillet 1920 ; « Les lettres du général Lyautey », Figaro, 29 août 1921 ; « Le Maréchal
Lyautey », Alsace française, 25 mars
1922 ; « Cinquante ans de service » Gaulois, 23 octobre 1923 ...
Télégramme à Robert Garric, L'Effort,
Louvain, Belgique, 11 juillet 1923. Archives Robert Garric, CEDIAS - Musée
social. Jérôme et Jean THARAUD, Le Maroc, Paris, Plon, 1923.
« La rencontre
de deux chefs : Gallieni et Lyautey », Revue
hebdomadaire, 11 décembre 1920, p. 136-137.
Le projet consiste en une étude inédite de 120 pages, avec un tirage à 10 000
exemplaires, dans la collection des Grands Hommes de la Guerre. Archives
Plon. Lettre de Crès à Plon, 17 septembre 1921 et réponse, 4 octobre 1921.
Jérôme et Jean THARAUD, La double Confidence, op. cit. , p.
156-158.
André LE REVEREND, Lyautey, Paris, Fayard, 1983, p. 437.
Ils accompagnent sa dépouille mortelle à Nancy, puis à Thorey, enfin au Maroc.
Le Visage de la France. L'Afrique du
Nord. Algérie, Tunisie, Maroc, Préface du Maréchal Lyautey. L'Algérie, par
Georges ROZET; La Tunisie, par Myriam HARRY ; Le Maroc, par J. et J. THARAUD,
Paris, Aux Horizons de France, 1927.
André
COLLIEZ, Notre protectorat marocain. La première étape, 1912-1930,
préface de J. et J. Tharaud, Paris, Rivière, 1930, p. I et II.
Jérôme et
Jean THARAUD, « Réflexions sur nos œuvres marocaines », op. cit.
, p. 347-351.
Jérôme et Jean THARAUD, La Double Confidence, op. cit., p. 94 et
95.
Jérôme et Jean THARAUD, Rabat, op. cit. : « Demain une
ville française couvrira le vaste espace que nos architectes lui ont réservé
sur le papier », p. 11 et 13.
Guillaume de TARDE, Lyautey, le chef en action, Paris, NRF Gallimard,
1959, p. 165.
Hubert LYAUTEY, Paroles d'action. Madagascar, Sud-Oranais, Oran, Maroc.
1900-1926, Préface de Louis Barthou, Paris, Armand Colin, 1927, p. 53. Voir
aussi la célébration le 5 août 1917 du dixième anniversaire du débarquement des
troupes françaises au Maroc, lors de laquelle déclara que c'était là le terme
mis à l'anarchie, à la désagrégation, au gaspillage des ressources de cet
admirable pays et de cette race si laborieuse, intelligente et
sympathique ».
Daniel HALEVY, Éloge de Jérôme Tharaud ... , op. cit.
, p. 46.
Abdeljlil LAHJOMRI, op. cit. , p. 145
et p. 193-194.
Edward W. SAID, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident,
[1978],
préface de Tzvetan Todorov, Paris, éd. du Seuil, 1980,
p.15.
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