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Présentation de la société
Les littératures de l'ere coloniale
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Colonisation
et dÉsillusion : une synchronie ?
Roger Little / Trinity College, Dublin
Cet article fait référence au Colloque de la Sielec de
mai 2006 "Désillusion et désenchantement dans les
littératures de l'ère coloniale", dont les actes
paraîtront prochainement dans le Cahier N°8.
« La démocratie elle aussi est une longue
maturation qui se construit
à coups de désillusion, de cynisme même, et de
sang. »
Koffi Kwahulé, Babyface[i]
Dans le
programme de notre colloque, Jean-François Durand établit, au-delà des
dictionnaires, une « sensible nuance » entre désillusion et désenchantement,
réservant celle-là « au projet politique, économique, culturel de la
colonisation » et celui-ci à « la quête, plus exotique que proprement
coloniale, d’un “ailleurs” qui serait au fond une vie plus vraie, plus
intense, plus authentique, plus “lyrique” »[ii].
Une distinction est ainsi faite entre les projets collectif et individuel,
distinction que nous retenons pour les besoins de la cause, mais qui préjuge en
un sens de l’état d’esprit 1° de la République et 2° de ses représentants, des
explorateurs et des aventuriers individuels.
Je m’explique. Si nous considérons les substantifs dont ces termes sont
la négation par l’ajout du préfixe privatif « dés- », nous retrouvons
d’une part illusion et d’autre part enchantement. Alors donc que désillusion et désenchantement peuvent être pris pour des quasi-synonymes, ainsi
que le fait le Trésor de la langue
française, illusion et enchantement se distinguent nettement.
L’illusion présuppose une perception
erronée de la réalité, une apparence trompeuse ; l’enchantement suggère d’abord et surtout un sentiment agréable de
satisfaction, voire un vif plaisir, et c’est seulement si l’on remonte à ses
origines que se trouve mis en valeur le charme, dans l’acception magique et partant trompeur du mot. Dans
la mesure où ces échos demeurent présents dans les formes négatives de ces
termes, la « sensible nuance » n’est peut-être donc pas tant, dans un
premier temps, entre le collectif et l’individuel mais entre, d’une part, une
erreur venue involontairement de l’extérieur et, d’autre part, un autre type de
collaboration sentimentale venue, elle, de la psyché individuelle avec la
participation éventuellement active, mais plus souvent passive, de la volonté.
C’est dans ce sens, au second degré, qu’on est en droit de se référer à la
collectivité pour la désillusion et à
l’individu pour le désenchantement.
L’allusion à « un “ailleurs” qui serait au fond une vie plus
vraie » cache à peine la phrase de Rimbaud : « la vraie vie est
ailleurs », et l’auteur d’Une saison
en enfer a certes connu le désenchantement
dans le contexte de son établissement en Éthiopie. Sa participation à la
poussée coloniale, si participation il y a eu sous forme de trafic d’armes,
n’était pas du tout officielle ; nous connaissons plutôt l’abandon de sa
poésie, affaire intime s’il en est et en partie fatalement involontaire, en
faveur d’une vie d’action. On se perd en hypothèses psychologiques concernant
cet abandon. Aurait-il basculé du champ privé au camp public ? Dans ce
cas, nous pourrions parler de désillusion,
mais rien ne nous y autorise pleinement, car s’il a cherché l’appui et l’aval
de la Société géographique, c’est toujours d’un engagement personnel qu’il
s’agit. La trace d’un désenchantementse
dessine déjà dans ses poèmes où
l’envoûtement fait place à un retrait
déçu
de l’illumination. Rimbaud n’avait nullement besoin de
s’associer à la cause
coloniale pour connaître et exprimer le schéma
psychologique de l’engagement à
fond dans ses visions, suivi, dans un deuxième temps, d’un
réveil souvent
abrupt à la clarté banale du jour.
Or, tout explorateur, tout aventurier colonial
n’est pas un Rimbaud,
c’est l’évidence même ; mais il suffit
d’être humain pour connaître l’élan
et, trop souvent, la déception qui le suit. Supposer que la
« vraie
vie » soit ailleurs est déjà une illusion et
pourtant c’est la tarte à la
crème des aventuriers et des défricheurs d’empire[iii].
Un sergent que Léon Werth présente dans Clavel
soldat « raconte des histoires coloniales : coups de matraques,
vols, viols. – Ah ! mon vieux... là-bas... c’était la vie... la vraie
vie... la bonne vie... »[iv].
Mais ce n’est qu’un leurre, un alibi. La vraie vie ne peut être qu’ici, là où
nous sommes : il faut l’assumer, en accepter pleinement la responsabilité.
Le machisme de la fuite en avant de la colonisation, accompagnée comme elle
l’est presque toujours de certitudes cocardières, n’est pas seulement
déplaisante : elle falsifie la nature même d’une société saine et
équilibrée.
Dans Les Défricheurs d’empires,
publié en 1937, Jean d’Esme renchérit sur le cocorico français :
Loin
du foyer d’infection, protégé contre le microbe rongeur et dévastateur de la
politicaillerie partisane, tous ces français [sic] que j’ai vus à l’œuvre – français [sic] de toutes classes et de toutes les provinces de la vieille
terre natale – ne sont plus – en une étroite fraternité de race, que de
magnifiques ouvriers tout entiers attachés à leur rude besogne constructive qui
– du même coup – crée à travers le monde la grandeur française[v].
Un
personnage du même roman, le capitaine Arnould, commandant du Groupe Nomade
d’Agadez, reprend Rimbaud à son compte sans le nommer :
« [...] nous
vivons seul chacun de notre côté, trois cents jours de l’année environ, à
courir le grand désert sableux ou à escalader les rochers noirs de l’Aïr avec
quelques-uns de nos hommes, couchant à même le sol et vivant de conserves ou
même de nourriture indigène.
Une fois par an, à l’occasion du 14 Juillet [ sic], nous sommes tous réunis à Agadez où nous retrouvons nos
camarades de Cercle. Ça dure une dizaine de jours, après quoi, nous repartons à
nouveau... »
Il se tait une longue minute, puis dit avec une étrange douceur :
– La vraie vie !
Parmi la broussaille noire de sa barbe, son masque durement modelé,
s’éclaire un sourire où il entre je ne sais quelle joie fervente.
Et comme je le regarde, il se met à rire, très haut cette fois, et
conclut :
« Oui, c’est la vraie vie ! Vous allez la vivre, avec moi,
durant quelques jours – vous comprendrez !
[...]
*
L’Afrique, sa solitude, son désert ; la grande errance à travers
le Pays de la Soif et le chaos pierreux de l’Aïr ; les couchers sous
l’immense ciel fleuri d’étoiles ; les repas hâtifs et les marches
interminables dans la braise fluide du soleil nigérien...
C’est la vie même des Groupes Nomades.
« La vraie vie », a dit Arnould.
« La vraie vie » m’ont
répété à leur tour les autres – tous
les autres officiers et sous-officiers méharistes, que
j’ai rencontrés du Tchad
à El Goléa – à travers cette Afrique
qu’ils sillonnent au pas lent et
dégingandé de leurs bêtes – d’un bout
à l’autre de l’année.
« La vraie vie » ! (pp. 156–157)
Nous
savons toutefois que Jean d’Esme avait déjà représenté ailleurs, en 1932, dans
le roman si bien nommé : Épaves
australes, le désenchantement d’un héros aventurier, Jacques de Clauze, et,
du point de vue des instances françaises, son inadmissible déchéance[vi].
Chemin faisant, il découvre toutefois d’autres valeurs, une culture et une
civilisation différentes, adaptées aux circonstances, et qui, pour être autres, ne sont pas forcément de moindre
valeur. C’est quelque chose que la société en général, dans une évolution
nécessairement beaucoup plus lente, ne peut pas, ne doit pas reconnaître si elle
veut rester fidèle à elle-même.
En effet, les grands cycles collectifs ne peuvent pas être de même
nature, même si les retombées d’événements publics se font ressentir chez
l’individu qui participe à la collectivité. Ainsi, la nouvelle d’une victoire ou
d’une défaite peut faire remonter ou casser le moral : dans les deux cas,
on peut penser que les autorités nationales entretiennent sciemment des illusions, d’autant plus que la guerre
n’est jamais un enchantement, et que
collectivement le peuple entretient ou rompt l’illusion patriotique, ainsi que le reconnaît Jean Renoir dans son
film de 1937 : La Grande Illusion.
Le désenchantement exigerait un
regard bien plus individuel, voire une emprise plus personnelle, sur l’exercice
du pouvoir.
Pour éprouver l’un ou l’autre sentiment, cependant, il est nécessaire que
l’action en question soit achevée, même si une bataille n’est pas une guerre. Désillusion et désenchantement ne sauraient être jaugés et jugés qu’après la fin
d’un cycle d’événements qui participent du même phénomène. S’agissant de
colonisation, on reconnaît des périodes d’activité plus ou moins grande et une
évolution dans les attitudes de la métropole selon la politique du moment. On
ne saurait donc impunément écarter de notre considération le cycle complet
allant du dix-septième siècle jusqu’aux années 1960. C’est bien l’ensemble de
la colonisation qui peut en définitive désillusionner,
quelque grande que soit la désillusion
politique devant tel ou tel aspect ponctuel de son parcours. Ce n’est en effet
qu’en s’affranchissant de la mentalité coloniale qu’on peut commencer à en
mesurer les faits et les méfaits et, avec eux, son caractère illusoire et son potentiel d’illusion.
Nous sommes toutefois invités à ne prendre en considération que les XIXe
et XXe siècles. Dans quelle mesure cette restriction chronologique
gauchira-t-elle notre perspective ? S’il est légitime d’évoquer le désenchantement d’individus, à quel
point l’est-il de subdiviser la période coloniale pour parler à un moment donné
de désillusion
politique ? Les
Républiques successives n’ont pas eu la même
attitude envers la colonisation.
Avant elles, sous l’ancien régime, une autre attitude
encore avait gouverné les
esprits et partant la politique. L’exploration avait donné
lieu à l’exploitation
tout en continuant d’attirer marins et scientifiques. Les
récits de leurs
voyages et de leurs découvertes avaient enchanté plus
d’un à l’époque et
continuent à nous fasciner, même si, armés de
connaissances complémentaires et
sans doute plus raffinées, nous prenons nos distances, sinon de
la hauteur.
Malgré des voix opposées à celle du gouvernement
– et l’on pense notamment à
Clemenceau face à Jules Ferry dans les grands débats
parlementaires de 1885 –
elles ne réorientent pas la voie tracée par la
majorité, pas plus que celle de
l’abbé Grégoire n’avait fléchi
l’attitude officielle de l’Église.
L’État
peut-il admettre une désillusion, ce
qui fait supposer une illusion antérieure ? En pays démocratique, on peut
espérer une alternance, voire, aux urnes, la voter. La politique vis-à-vis des
colonies peut changer du tout au tout ; elle n’en reflète pas moins une
continuité étatique. On le constate par exemple lorsque des juristes de la 5e
République ont eu à statuer sur la rétribution de la part de la France
d’aujourd’hui devant la compensation exigée aux Haïtiens sous Charles X. On le
constate aussi dans le débat récent sur le « rôle positif de la
colonisation ». L’immense vaisseau de l’État est difficile à détourner de
sa course, surtout pour aller en sens inverse.
Le constat d’une perte financière met l’État, aussi bien que les
spéculateurs et les agioteurs, au pied du mur : il est censé, après tout,
prendre soin du trésor public. Le rôle d’un budget colonial déficitaire dans
l’abandon de la politique coloniale n’est pas mince. Chemin faisant, des
individus avaient tenu à le démontrer à l’égard de telle ou telle colonie.
Seules des circonstances réunies, dont la défaite de Diên Biên Phu et la guerre
en Algérie n’étaient pas les moins importantes, avaient amené l’État à tenir
compte d’un bilan globalement négatif et partant à effectuer un volte-face
politique dans les années 1960.
Le regard en arrière est nécessairement implicite, nous l’avons dit, à
toute reconnaissance de désillusion
ou de désenchantement. Une diachronie
s’inscrit donc d’office dans le concept même de nos réflexions à ce sujet. Mais
dès que nous essayons de fixer un terminus
a quo
de la désillusion coloniale, nous sommes invités à
remonter plus
loin, toujours plus loin. Aussi peut-on raisonnablement parler
d’une
désillusion après 1960. Mais ne voit-on pas bien les
germes de cette
désillusion dans les années 40 et 50 quand les mouvements
indépendantistes
commencent sérieusement à se faire entendre ?
L’Exposition coloniale de
1931 ne serait-elle pas en quelque sorte le moment clef où
simultanément on
constate l’apothéose et le chant de cygne du
colonialisme ? Ne faudrait-il
pas remonter aux anticolonialistes qui, d’abord
dénonciateurs individuels des
abus – je pense chronologiquement à Vigné
d’Octon, à Frédéric Challaye, à Lucie
Cousturier, au Léon Werth de Cochinchine,
à André Gide, à Albert Londres et ainsi de suite
–, s’en sont enfin pris, à
commencer par le mouvement communiste, au système
même ? Peut-on ensuite
écarter les voix d’opposition dans les débats
parlementaires des années 1880 et
certains des premiers romans coloniaux qui, même à leur
insu, semble-t-il,
montrent l’échec inscrit dans des gestes voulus
humanitaires ? Mais ce
phénomène n’existe-t-il pas déjà dans
la réalité de la première colonisation et
de ses séquelles ? On n’en finit pas de remonter dans
le temps pour fixer
le moment de la désillusion ou du désenchantement.
Prenons donc le contre-pied : supposons un instant que ces
phénomènes soient inhérents à la colonisation même, qu’il y ait synchronie
entre colonisation et désillusion, que l’idée même de « phases » en
la matière, telle que le propose le programme de notre colloque, soit
illusoire. Admettons que le projet colonialiste est fatalement voué à l’échec
moral, politique et même financier. D’un coup beaucoup de choses deviennent
claires. Un commerce légitime entraîne celui des hommes ; je n’ai pas à
insister là-dessus. Des idées généreuses font place à une législation de plus
en plus défavorable aux esclaves et aux mulâtres – aux métis – et par
conséquent plus favorable aux maîtres blancs qui sont pourtant les pères
« fautifs » de ces derniers. Richelieu prônait ainsi pour la Nouvelle
France ce que l’on peut appeler une colonisation
horizontale (politique qui se retrouvera sous la troisième République), et
en 1664 le lieutenant général Tracy promulgua aux Antilles un code qui
condamnait au fouet et, en cas de double récidive, jusqu’à l’estampillage d’une
fleur de lis sur la joue, les Blancs qui débaucheraient une négresse[vii].
Une vingtaine d’années plus tard, sous la pression du lobby des planteurs et
des négriers, le Code noir stipulera
que les Blancs seront blanchis ; ce sont alors les femmes et les enfants
métis qui sont jugés fautifs et condamnés non seulement à des peines mais
encore – c’est le cas de le dire – au dénigrement. Seuls les maîtres y trouvent
leur compte, c’est évident. Les mésalliances raciales étaient conspuées aux
colonies autant que l’étaient les mésalliances de classe en France. Le père
Labat comme tous les autres missionnaires avouent leur insuccès sur tous les
plans et rentrent bredouilles. Les vastes profits financiers égalent-ils dans
la balance immanente les terribles pertes morales ? Il est permis d’en
douter, et les physiocrates surtout en doutaient très précisément déjà au XVIIIe
siècle. Il n’est que de relire les dernières pages de Ziméo, de Jean-François de Saint-Lambert, ou le compte rendu de
cette nouvelle paru dans les Éphémérides
du citoyen sous la plume de Dupont de Nemours pour s’en convaincre. Aussi
les « réflexions sur les nègres » qui terminent la nouvelle
notent-elles que « les peuples d’Europe sont comme beaucoup d’hommes en
place qui commencent par être injustes, & finissent par calomnier les
victimes de leur injustice. […] Il n’est pas plus vrai que les nègres en
général soient paresseux, frippons [sic],
menteurs, dissimulés : ces qualités sont de l’esclavage & non de la
nature[viii]. »
Et Dupont de Nemours de renchérir avec des calculs économiques qui anticipent
sur ceux de Condorcet : « […] l’oppression et la méchanceté […] ne
viennent jamais que de l’intérêt mal entendu. […] À la fois ingénieux et
barbares, notre demi-civilisation nous a rendus propres à nuire à tout le
monde, sans jamais servir ni les autres, ni nous-mêmes[ix]. »
Même au simple comptoir de Saint-Louis du Sénégal, au moment de sa
reprise par les Anglais en 1817, l’immense effort d’une part de l’enseignant
Jean Dard et d’autre part de sa belle-famille pour établir l’un une école,
l’autre une exploitation agricole, aboutit, malgré toute leur bonne volonté, à
un fiasco[x]. Ce moment
d’impulsion néocoloniale officielle, qui tend à disparaître de la mémoire
devant l’importance culturelle du naufrage de La Méduse
qui transportait ses exécutants, montre comme en
miniature les frustrations des Français partis pour faire
fortune, certes, mais
dans un esprit d’entraide dont on ne peut que louer les mobiles
et le courage,
tout déplacés qu’ils peuvent nous paraître
aujourd’hui. À la même époque, le Kelédor du baron Roger, gouverneur du
Sénégal (qui a justement mis des bâtons dans les roues de Jean Dard),
représente comme la preuve a contrario
en ce sens que, même s’il condamne la traite, il prône le point de vue officiel
et souligne à tout bout de champ les bienfaits apportés au Sénégal par la
France[xi].
Il y a plusieurs textes foncièrement ironiques et parfois renversants
qui, dans la tradition des Lettres
persanes, prennent le contre-pied de cette attitude paternaliste en faisant
supposer un renversement de point de vue. C’est le cas d’une pièce de théâtre
de Bernardin de Saint-Pierre, dont on connaît les vues antiesclavagistes
d’après son Voyage à l’île de France
surtout : Empsaël et Zoraïde, ou les
Blancs esclaves des Noirs à Maroc dont nous avons procuré une réédition[xii].
C’est le cas aussi d’un épisode qui a pour titre « Histoire d’une
civilisation antédiluvienne » dans le roman de Saintine : Jonathan le visionnaire[xiii] : « des Arabes éthiopiens,
émigrant vers le golfe Persique, rencontrèrent pour la première fois quelques
individus de race blanche. De part et d’autre la terreur égala la
surprise. » Le relativisme culturel, ancêtre de notre postcolonialisme,
permet l’étonnement devant « un de ces individus, si extraordinaires par
leurs cheveux soyeux, par leurs lèvres plates, leur nez aquilin, etc. »
(pp. 373–374). S’engage alors un débat philosophique concernant le statut
humain ou non de ces étranges étrangers, débat clos de manière pragmatique
lorsque la fille d’un des philosophes donne naissance à un petit mulâtre (p.
375). Je passe sous silence d’autres développements de ce conte pour en évoquer
rapidement d’autres, sur lesquels Jean-Marie Seillan attire notre attention
dans son magistral ouvrage : Aux
sources du roman colonial[xiv].
Il verse au dossier du conte anticolonial « La Sagesse de Koukourounou :
fantaisie coloniale », de Paul Hervieu, et « Le Navigateur
sauvage : histoire insolite », de Villiers de l’Isle-Adam, et en
propose un commentaire des plus fins[xv].
C’est un genre qui se poursuit jusqu’aux indépendances, notamment dans La Revanche de Bozambo du Guyanais
Bertène Juminer, qui date de 1968[xvi].
Nous nous attarderons davantage sur un exemple littéraire qui date du
moment même des grands débats parlementaires sur la colonisation. Les Colons du Tanganîka d’Armand
Dubarry, de 1884, rentre en plein non seulement dans notre sujet mais aussi
dans la période de la colonisation moderne qui intéresse la plupart des membres
de la SIELEC[xvii]. L’échec
est inscrit dans la narration d’une aventure qui a pourtant tout pour séduire
le lecteur d’aujourd’hui. Emboîtant le pas aux grands explorateurs de l’Afrique
de l’Est – Burton, Livingstone, Speke, Stanley... – Jacques Delorme prend la
tête d’une expédition écologique et, indirectement, humanitaire. Le but est de
conserver l’éléphant en persuadant les indigènes que le tourisme zoologique
sera plus lucratif que le commerce de l’ivoire. Mais les gens du pays refusent
de se laisser convaincre par des arguments somme toute naïfs et sont, suivant
la logique même de la mentalité colonialiste, décimés par des armes supérieures.
Ainsi que le conclut Jean-Marie Seillan,
De
la débâcle de l’expédition, le roman tire une leçon implicite qui donne aux
opérations de « pacification » à venir la légitimité de
l’évidence : puisque les trois ou quatre cents morts laissés par des philanthropes
amateurs n’ont pas suffi, c’est par la force militaire qu’il faudra imposer aux
Africains les progrès de la civilisation qu’ils s’obstinent à refuser[xviii].
Un personnage et un épisode catastrophique symbolisent cette
débâcle d’une manière particulièrement instructive : « Honorat,
mécanicien, inventeur d’un bateau en fer submersible à volonté, destiné à
opérer une révolution dans la navigation, pompeusement baptisé par son auteur Navis
(du latin) Honorat, et que les mauvaises langues appelaient Navet
Honorat[xix]. » Toute l’inventivité technologique
de l’époque est en jeu, mais on sent que celle de Jules Verne et notamment le Nautilus
de son roman de 1870 : Vingt mille lieues sous la mer, sont tout
spécialement visées. L’échec de ce « mirifique bateau » (p. 15),
« navet » plutôt que navis, « pompeusement baptisé »
– la critique de l’auteur est claire –, est inscrit dès le début du roman. Il
éclatera en morceaux lors de son premier essai sur le lac Tanganyika, laissant
Honorat dans un piteux état :
Sanglant,
à demi nu, l’œil égaré, grimpé sur des roches vertes et glissantes, le
mécanicien avait l’attitude d’un homme luttant désespérément pour préserver sa
vie. Au-dessus de lui voletaient des aigles ; à ses pieds, sur le sable,
les galets, et dans l’eau se pressaient des crocodiles dont quelques-uns,
levant la tête et s’aidant de leurs pattes, s’efforçaient de l’atteindre. [...]
Aucune lueur de raison ne brillait dans ses yeux égarés ; il ne
reconnaissait personne et avait perdu l’usage de la parole. (pp. 79, 83)
L’inventeur
mourra en effet « au bout de trois jours d’agonie » (p. 87).
Les survivants rentreront en France penauds, bredouilles, ayant à
déplorer la perte d’un de leurs, mais n’ayant en contrepartie aucune réussite à
raconter si ce n’est d’avoir exacerbé les frictions et confrontations
africaines et confirmé l’anglophobie ambiante par le biais d’une rencontre avec
un chasseur anglais. Triste bilan ! Non seulement Jacques Delorme et ses
camarades d’infortune ont dû déchanter, mais ils ont déclenché des guerres
intestines et fourni des arguments qui justifient une intervention française
auprès des « sauvages ». Les
Colons du Tanganîka me paraît ainsi un texte des plus parlants pour
démontrer la quasi-synchronie – « quasi » parce qu’une synchronie absolue
serait impossible – de l’illusion et
de la désillusion coloniales. À la
différence de la faconde contemporaine d’un Louis Jacolliot, par exemple,
Armand Dubarry fait montre ici – une fois n’est pas coutume – des lueurs d’une
mauvaise conscience.
Les romanciers « patrouillotiques », aventuriers sur le terrain
ou en fauteuil, les essayistes justifiant la colonisation, alors que d’autres
en dénoncent les abus et enfin la battent en brèche, se succéderont à qui mieux
mieux. Occasionnellement, et comme à contre-courant de leur pensée, ils peuvent
faire preuve d’une lucidité sceptique. C’est le cas de Louis Boussenard, par
exemple, lorsque, dans Voyages et
aventures de Mlle Friquette, il fait remarquer à son héroïne,
parlant des envahisseurs italiens en Éthiopie :
Il
y a gros à parier que, s’ils avaient été victorieux, ils auraient pillé,
incendié, volé, massacré, en vrais civilisés qu’ils sont.
C’est généralement ce qui se passe, quand des blancs vont porter aux
sauvages les bienfaits de la civilisation.
Et l’on trouve extraordinaire que le frère noir, à l’exemple du
guillotiné par persuasion, n’ait pas confiance [xx] !
C’est le cas aussi du capitaine Danrit, dans son roman L’Invasion noire, dont le renversement
global n’est qu’un prétexte pour souligner la supériorité française et
justifier la colonisation, qui fait dire à Omar, chef d’état-major d’une
immense coalition africaine mais formé à Saint-Cyr :
Notre
tour est venu, les puissances européennes, la France comme les autres, n’ont
que trop joué de cette guitare qui s’appelle l’expansion coloniale. Nous en
sommes saturés, et il est temps que cette tragi-comédie, jouée par des peuples
de race soi-disant supérieure, prenne fin.
Que les Italiens [et] les Allemands […] quittent leur pays […] pour
aller offrir leurs bras aux États-Unis, au Canada, au Brésil, fort bien ;
ils y vont échanger leur travail contre le bien-être qu’ils ne trouvent plus en
Europe : c’est la loi humaine.
Mais que les mêmes puissances se partagent l’Afrique comme un gâteau,
et que sous prétexte de civilisation elles tuent, pillent de misérables
populations… [xxi]
Ce
ne sont là pourtant que velléités passagères qui détonnent dans des ensembles
souvent incohérents et majoritairement cocardiers.
Je voudrais donner pour terminer un dernier exemple de désillusion comme
feuilletée en couches métaphoriques au sein d’un excellent roman qu’on ne
connaît pas assez : Hiên le Maboul,
d’Émile Nolly, pseudonyme du capitaine Détanger, publié en 1908[xxii].
Phâm vân Hiên, dit le Maboul, arraché à sa chère forêt par les autorités
militaires françaises, est devenu tirailleur annamite. D’esprit simple, de
corps dégingandé et mal coordonné, il subit les sévices d’un adjudant corse
qui, usant et abusant de son autorité, se prend pour son compatriote Napoléon,
et se retourne plus encore que ses camarades vers un lieutenant compatissant et
paternaliste que l’on nomme respectueusement « l’Aïeul à deux
galons ». Ce dernier favorise les amours de Hiên pour Maÿ qui n’a que
mépris pour le tirailleur simplet et lui préfère le luxe offert par des
liaisons passagères. La bienveillance du lieutenant ne peut rien à la fin
contre le refus final de la fiancée et les illusions s’écroulent comme un
château de cartes. Celle de l’amant déçu en entraîne ou en révèlent
d’autres :
Alors,
inconséquent
et désespéré, [… Hiên] pleura
l’illusion écroulée, l’illusion enchanteresse
et
divine. […] Il pleurait […] comme pleurait le soldat
français crachant ses
poumons sur le revers du talus, comme pleure, depuis le commencement
des
siècles, l’humanité penchée sur les
débris de ses illusions… (p. 268)
Cette généralisation se focalise toutefois sur le lieutenant
voulu sympathique qui représente une colonisation paternaliste qui s’acharne
pourtant à ne voir que la bête dans l’être colonisé. Vers la fin de ce roman,
que René Maran dit « à son insu accusateur »[xxiii],
il a un long tête-à-tête avec Hiên : tout son pouvoir s’évapore et n’est
qu’impuissance devant les besoins les plus profonds de l’homme :
L’Aïeul
[le lieutenant français], navré, pose sa main sur la nuque noire de son grand
enfant sauvage et songe à la faiblesse dérisoire des consolations qu’il pourra
lui proposer. Hiên le Maboul est venu à lui, d’instinct, comme l’enfant à qui
l’on a fait du mal vient se jeter dans les jupons de sa mère […].
– Tu sais les paroles qui guérissent,
implore [Hiên]. […] Tu es sage, tu es bon ; aux jours de chagrin, nous
invoquions ton nom, comme d’autres invoquent leurs dieux, et, déjà, le faix de
nos misères nous paraissent [sic]
moins pesant. […] Tu es grand, tu es fort : rien ne peut te
résister ; tu as balayé d’un regard le tyran devant qui nous
rampions ; tu as porté la lumière dans mon âme obscure d’enfant des bois…
–
J’ai eu tort, trois fois tort !
confesse l’Aïeul ; j’aurais dû laisser ton
âme à sa pénombre, à son heureuse
inconscience. Tu avais le bonheur, ne connaissant de
l’humanité que les gestes
animaux. Je savais qu’après avoir mordu au fruit amer de
la science humaine tu
viendrais te rouler, quelque jour, à mes pieds,
désabusé et hurlant. Mais
quoi ! tu m’as supplié, tu m’as dit :
« Je veux être un homme
comme les autres hommes […]. » Je t’ai
instruit, je t’ai appris les
grimaces essentielles, je t’ai révélé tes
semblables. […] La suprême leçon,
celle qui ne pouvait venir de moi, la vie s’est chargée de
te la donner :
elle t’a fait connaître la désillusion et la
douleur. (pp. 270–271)
Hiên
s’en va se pendre aux branches du banyan qui pousse devant chez Maÿ, sa
bien-aimée. Le lieutenant lui offre des funérailles de riche avec tous les
honneurs du rite annamite, mais sa conscience est profondément troublée :
« […] l’Aïeul est mécontent et triste : sa philosophie mise en
présence d’une douleur réelle ne lui a fourni que des formules vaines,
émoussées » (p. 274).
Derrière
le cercueil, l’Aïeul conduit le deuil. […]
Il s’accuse de faiblesse et d’imprévoyance : pourquoi a-t-il cédé
aux supplications de l’innocent qui voulait acquérir la science mauvaise ?
[…] Il songe que toute sa philosophie légère et insouciante est
impuissante à lui fournir une seule formule de consolation vraie. Une fois
de plus, en face de la mort, il pleure, silencieusement et sans larmes, ses
croyances envolées. (p. 282)
Cet échec nous
paraît d’autant plus fort qu’il se trouve sous la
plume d’un militaire.
L’auteur condamne certes sans ambages les abus physiques
exercés contre les
indigènes par certains de ses frères d’armes, mais
admettre que le paternalisme
colonial même aboutit également à un échec
n’est pas donné, même aujourd’hui, à
tout le monde.
La forte majorité des communications faites au présent colloque porte sur
la première moitié du XXe
siècle et témoigne donc de l’omniprésence
de la désillusion ou du désenchantement dans les
écrits de cette période,
preuve s’il en est besoin qu’il n’a pas
été nécessaire d’attendre les
prémices
des indépendances, voire les indépendances
elles-mêmes, pour qu’un regard jaune
soit porté sur l’action colonisatrice. Ce qui est certain,
c’est que la
désillusion, contemporaine de chaque étape du
colonialisme, demeure notre
contemporaine à nous. Daniel Bensaïd écrit en 2005,
par exemple, que « la
société française ne parvient pas à
cicatriser sa blessure narcissique de vieil
empire colonial déchu[xxiv]. »
Il n’est guère nécessaire ici d’élaborer un tel constat : nous en sommes
conscients autant dans le domaine sociopolitique que dans le domaine
littéraire. On n’a qu’à prononcer le mot « francophonie » pour se
rappeler les contorsions psychologiques et la mauvaise foi néocoloniale qui
sont en jeu. Je trouve navrant que l’expression « littérature francophone »,
absurdité étymologique, soit acceptée même par ceux qui en rejettent la
ghettoïsation. La France se défait difficilement du présupposé que ses valeurs
sont universelles, qu’elles sont l’étalon absolu de tout jugement politique ou
moral. Une bonne dose d’autocritique, de scepticisme, de désillusion en un mot, serait encore bien salutaire.
Cela est d’autant plus vrai que jusqu’ici nous avons adopté le point de
vue du colonisateur. Si nous nous retournions vers le colonisé pour essayer de
regarder avec ses yeux à lui, l’évidence d’une désillusion ou d’un
désenchantement sauterait aux yeux. Tout comme nous avons remonté le temps pour
constater que la conscience d’une désillusion existait dans l’esprit des vagues
successives des colonisateurs et de leurs contemporains éclairés, nous pouvons
déduire une désillusion analogue chez les « sauvages ». Certes, ces
derniers, la plupart du temps, n’ont laissé de trace écrite que bien
indirectement, soit par le biais de leurs « bienfaiteurs » européens,
soit après coup, grâce à la prise de conscience de leurs descendants. Il
n’empêche que la désillusion était rapide et totale, au point de se demander si
le mot est assez fort et qu’il ne faille le remplacer, chez les survivants du
moins, par « désarroi » ou « horreur ». Seule la toute
première étape d’un commerce paisible peut éventuellement présenter un aspect
positif… et encore. Mais les comptoirs ont cédé le pas à la colonisation. Si
les troupes françaises ont rencontré tant de résistance, s’il a fallu bien une
conquête physique préalable à toute « conquête morale »[xxv],
n’est-on pas en droit de se dire qu’un énorme fond de ressentiment croupissait
chez les colonisés et que, du côté des colonisateurs, seuls les bénéficiaires,
parfois inconscients, d’une hiérarchie de la peau, n’étaient pas à même de
dissiper, sous l’effet de la mauvaise conscience, les affres de la désillusion.
NOTES
[i]
Koffi Kwahulé, Babyface, Paris :
Gallimard, 2006, pp. 173–174.
[ii]
Jean-François Durand, « Congrès SIELEC 2006 : Projet », courriel
du 24 novembre 2004.
[iii]
L’album L’Illusion coloniale d’Éric
Deroo, avec la collaboration de Sandrine Lemaire (Paris : Tallandier,
2006), est paru trop tard pour que j’en tienne compte au moment du colloque.
[iv]
Léon Werth, Clavel soldat [1919],
Paris : Viviane Hamy, 2006, p. 46.
[v] Jean d’Esme, Les
Défricheurs d’empires, Paris : Les Éditions de France, 1937, p. 137.
[vi]
Épaves australes, Paris :
Éditions de la Nouvelle Revue Critique, 1932 ; réédition de Dominique
Ranaivoson, coll. Autrement Mêmes 23, Paris : L’Harmattan, 2005. Ce texte
est à comparer directement avec le roman de Charles Renel de 1923 : Le Décivilisé (Paris :
Flammarion ; réédité dans Océan indien, éd. S. Meitinger et J.-C. Carpanin
Marimoutou, Paris : Omnibus, 1994, et à la Réunion : Grand Océan, 1998).
[vii]
Je suis redevable, pour ce développement, à l’excellent ouvrage de Doris
Garraway : The Libertine
Colony : Creolization in the Early French Caribbean, Durham, N.C. et
Londres : Duke University Press, 2005.
[viii]
« Ziméo » in Jean-François de Saint-Lambert, Contes américains [1769–70], réédition de Roger Little, Exeter
(G.-B.) : University of Exeter Press, 1997, p. 21.
[ix]
Dupont de Nemours, Éphémérides du citoyen,
t. 6, 2e partie (1771), citées par Youmna Charara, Fictions coloniales du XVIIIe
siècle : Ziméo, Lettres africaines, Adonis, ou le bon nègre, anecdote
coloniale, Paris : L’Harmattan, 2005, pp. 299, 305. Nous faisons
allusion aux Réflexions sur l’esclavage
des Nègres de Condorcet [1781, 1788], réédition de David Williams, coll.
Autrement Mêmes 8, Paris : L’Harmattan, 2003.
[x]
Sur Jean Dard, voir Joseph Gaucher, Les
Débuts de l’enseignement en Afrique francophone, Pris : Le Livre
africain, 1968. Sur son épouse et sa belle-famille, voir Charlotte Dard, La Chaumière africaine, ou histoire d’une
famille française jetée sur la côte occidentale de l’Afrique à la suite du
naufrage de la frégate « La Méduse », Dijon : Noellat,
1824 ; réédition de Doris Y. Kadish, coll. Autrement Mêmes 15,
Paris : L’Harmattan, 2005.
[xi]
Nous attendons incessamment la publication de la réédition de Kelédor, présentée par Kusum Aggarwal,
coll. Autrement Mêmes 25, Paris : L’Harmattan, 2006.
[xii]
Bernardin de Saint-Pierre, Empsaël et
Zoraïde, ou les Blancs esclaves de Noirs à Maroc [publication
posthume : 1818], éd. Roger Little, Exeter (G.-B.) : Exeter
University Press, 1995.
[xiii]
Xavier-Boniface dit Saintine, Jonathan le visionnaire, Paris :
Hachette, nouvelle édition 1866, pp. 373–379. « Histoire d’une
civilisation antédiluvienne » n’avait pas figuré dans la première édition
de l’ouvrage, parue en 1825. Sur cet épisode dans un contexte plus large, voir
notre étude : « Fables of Melanocracy : “Race” Reversals in
French Literature », Forum for
Modern Language Studies, 37, 1 (2001), 1–14.
[xiv]
J.-M. Seillan, Aux sources du roman
colonial (1863–1914) : l’Afrique à la fin du XIXe siècle,
Paris : Karthala, 2006.
[xv]
« La Sagesse de Koukourounou : fantaisie coloniale », Revue illustrée (15 février et 1er
mars 1886), repr. dans Les Yeux verts et
les yeux bleus, Paris : A. Lemerre, 1886, pp. 113–151 ; « Le
Navigateur sauvage : histoire insolite », Gil Blas (8 mars 1887), repr. dans Villiers de l’Isle-Adam, Œuvres complètes, Bibl. de la Pléiade,
éd. A. Raitt et G. Castex, 1986, t. II, pp. 301–304. Pour son commentaire, voir
J.-M. Seillan, Aux sources du roman
colonial, pp. 189–206. Les Cavaliers
de Lakhdar : roman algérien, de Fernand Hue, serait également à verser
au dossier des textes au point de vue inversé, mais de manière plus subtile que
d’habitude : voir J.-M. Seillan, ibid.,
pp. 217–221.
[xvi] Bertène Juminer, La
Revanche de Bozambo, Paris : Présence africaine, 1968, 2000. Outre
notre étude « Fables of Melanocracy » citée note 10 ci-dessus, voir
notre « Bertène Juminer, La
Revanche de Bozambo: clefs pour une lecture », Interculturel [Lecce],
6 (2002), 223–240.
[xvii]
Voir Armand Dubarry, Les Colons du
Tanganîka, Paris : Firmin-Didot, Bibliothèque des jeunes gens,
1884 ; réédition de Jean-Marie Seillan, coll. Autrement Mêmes 30,
Paris : L’Harmattan, 2006.
[xviii]
J.-M. Seillan, Introduction à sa réédition des Colons du Tanganîka, p. xxix.
[xix]
A. Dubarry, Les Colons du Tanganîka,
réédition, p. 10. Les références suivantes, indiquées entre parenthèses dans le
texte, sont à cette réédition.
[xx]
Louis Boussenard, Voyages et aventures de
Mlle Friquette, Paris : Flammarion, 1898, p. 361, cité par
J.-M. Seillan, Aux sources du roman
colonial, pp. 167–168.
[xxi]
Capitaine Danrit (pseud. d’Émile Driant), L’Invasion
noire, Paris : Flammarion, 1894, p. 496, cité par J.-M. Seillan, Aux sources du roman colonial, p. 250.
[xxii]
Émile Nolly (Capitaine Détanger), Hiên le
Maboul [1908], Paris : Nelson/Calmann-Lévy, coll. Nelson, s.d. [années
1920 ?]. Les références suivantes, indiquées entre parenthèses, sont à
cette édition.
[xxiii]
Dans sa préface de 1956 à Mes inconnus
chez eux, de Lucie Cousturier, reprise dans notre réédition de cet ouvrage,
coll. Autrement Mêmes 9, Paris : L’Harmattan, 2003, t. 1, p. xliii. Vu
l’intérêt que René Maran porte envers le roman d’Émile Nolly, il n’est pas
interdit de penser que l’expression qu’on y trouve p. 271 : « un
homme comme les autres hommes », ait influé sur son choix du nouveau titre
donné à son Journal sans date [1927],
devenu en 1947 : Un homme pareil aux
autres.
[xxiv]
Daniel Bensaïd, Fragments
mécréants : sur les mythes identitaires et la république imaginaire,
Paris : Éditions Lignes et manifestes, 2005, p. 160.
[xxv]
Voir Georges Hardy, Une conquête morale
[1917], réédition de J. P. Little, coll. Autrement Mêmes 20, Paris :
L’Harmattan, 2005.
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