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Littératures coloniales, littératures d'Empire ?                    
Jean-François DurandUniversité Montpellier III

   On assiste depuis quelques années à un regain d’intérêt pour les littératures coloniales, comme en témoignent des publications de plus en plus nombreuses 1 qui permettent de mieux mesurer la richesse et la diversité de textes que l’on avait jusqu’alors tendance à identifier à un genre littéraire mort, sans postérité, et souvent servi par des talents médiocres et propagandistes. Dans son acception la plus précise, la plus technique, la littérature coloniale est étroitement liée à l’expansion européenne, et plus particulièrement celle qui marqua la fin du XIXème siècle : découpage chronologique qui convient mieux, il est vrai, à la deuxième colonisation française, depuis les débuts de la troisième république jusqu’à l’apogée de l’entre-deux-guerres lorsque, comme en écho aux ambitieux projets de mise en valeur des territoires d’Outre-mer par Albert Sarrault2 , l’on vit des romanciers non dénués de talent, certains, par leur métier, administrateurs et hauts fonctionnaires de l’Empire, exposer dans des romans de facture réaliste les profondes transformations provoquées, surtout en Afrique, par la présence française3 . Jacques Weber résume bien ce problème de périodisation, en constatant que si « la littérature coloniale est aussi vieille que la colonisation, le roman colonial proprement dit apparaît tardivement »4 , et triomphe surtout entre 1920 et 1940, au moment où l’Empire prend «une place dans la vie des français qu’il était loin d’occuper avant 1914 »5. Mais à y regarder de plus près, c’est moins le roman colonial lui-même, si toutefois on le définit avec la rigueur des  Leblond6 , qui marque profondément la création romanesque et la littérature d’idées que la thématique impériale elle-même. Il est en effet évident que la plupart des écrivains français de l’entre-deux-guerres, sans être toujours personnellement engagés dans le processus politique de la colonisation, ont abordé dans des œuvres extrêmement diverses la question coloniale. Ce sont tantôt des essais, des récits de voyage, tantôt des romans ou des écrits polémiques, qui embrassent d’ailleurs la totalité des sensibilités politiques de l’époque. De Roland Dorgelès à Paul Nizan, de Jean-Richard Bloch à Paul Morand, d’Henry de Montherlant à Louis Aragon et André Malraux innombrables sont les œuvres qui n’envisagent plus les problèmes contemporains du seul point de vue de la France, ou de l’Europe, mais dans une perspective plus large, plus « mondiale » , quelles que soient au demeurant les leçons qu’ils tirent de ce qu’il faut bien appeler un « décentrement » qui conduit à un renouvellement sensible des problématiques comme des géographies culturelles. Certes, l’exotisme7 , que l’on situe parfois, ce qui est contestable, en amont des littératures coloniales elles mêmes, avait procédé depuis longtemps à un tel décentrement, et sa quête de paysages et d’espace nouveaux contribua sans nul doute à enrichir l’imaginaire européen, loin de certaines caricatures que l’on en donne parfois. Mais il est incontestable que la deuxième vague colonisatrice va accentuer des mouvements culturels puissants, depuis longtemps perceptibles au plus profond de l’histoire littéraire européenne. 

            Ces mouvements, il est bien évident qu’ils ne se laissent pas enfermer dans des catégorisations scolaires trop étroites. Il y a eu, bien avant la littérature coloniale stricto sensu, une littérature de l’ère des Empires, qui inclut l’exotisme mais ne s’y réduit pas, et accompagne ce qu’une équipe d’historiens réunie par Pierre Léon appelait dans un livre publié il y a déjà trente ans l’ « ouverture du monde »8 et résumait dans une belle formule : « des univers à l’univers » . L’aventure portugaise, outre-mer, fut sur ce point décisive, et il faut rappeler que, au cœur du XVème siècle déjà, Lisbonne fut une capitale mondialisée : « Lisbonne devient bientôt un musée oriental. A son port affluent régulièrement les cargaisons d’épices : le poivre et le gingembre du Malabar, la cannelle et les émeraudes de Ceylan, le clou de girofle des Moluques, le camphre de Bornéo, le benjoin de Sumatra, le santal de Timor, mais aussi l’ivoire de Guinée et du Mozambique (…) les paravents du Japon et les porcelaines de Chine ». Le beau livre dont sont extraites ces lignes 9 analyse ces flux de marchandises sans omettre de les relier aux changements culturels eux-mêmes, aux thématiques poétiques, aux récits de voyage. Comme vient de le montrer Serge Gruzinski dans un ouvrage appelé à faire date, Les quatre parties du monde. Histoire d’une mondialisation10 , la découverte de la diversité des langues et des cultures, et d’une réalité humaine beaucoup trop vaste et complexe pour être ramenée à un seul centre marqua profondément les mentalités européennes dès la première mondialisation ibérique, malgré, bien sûr, toutes les prétentions à un Empire universel capable d’unifier la planète dans un ensemble cohérent. Ce n’est point un hasard sans doute si les historiens, plus que les littéraires, ont été sensibles à ce double mouvement contradictoire et disjonctif : occidentalisation du monde, mais aussi irruption, au cœur de l’Occident, d’une réalité africaine, chinoise, indienne, qui tend peu à peu à métisser l’imaginaire européen lui-même. E. J. Hobsbawm, dans sa synthèse L’ère des empires, 1875-1914  a bien montré la complexité de ces interinfluences au seuil du monde contemporain : « La densité même des réseaux de communication et la facilité avec laquelle on avait désormais accès aux terres lointaines et étrangères accrurent, directement ou indirectement, non seulement les heurts, mais aussi les influences réciproques entre l’Occident et le monde exotique »11. Ce sont ces « influences réciproques » qui préoccupent aujourd’hui beaucoup d’historiens de la culture12 et elles définissent assez bien le territoire topique d’un imaginaire (et d’une littérature)  de l’ère coloniale qui a été depuis toujours sensible à ces rencontres et ces mélanges, même si, dans la plupart des textes, l’idéologie déclarée est celle d’une hégémonie culturelle à partir d’un « centre » européen. Un exemple parmi tant d’autres de cette capacité qu’eurent les écrivains de l’ère coloniale  de percevoir leur époque comme le moment privilégié d’un vaste processus de décloisonnement des mondes, à partir duquel s’établissent partout des connexions et des interdépendances : en 1936, Gaston Pelletier et Louis Roubaud publient chez Plon un essai incisif, Empire ou colonies, qui s’ouvre par une citation de Paul Valéry, « De notre temps, l’histoire d’un monde fini commence ». Les deux auteurs constatent que l’ère des Empires est celle d’un monde où les différentes parties de la terre « ont des cloisons, non des clôtures », et quand ils s’efforcent de saisir l’originalité profonde du monde qui est le leur, ils y reconnaissent un « double caractère de particularisme et de connexion (qui) marque un ordre de choses nouveau et sans précédent dans l’histoire »13. Par rapport à l’ère de l’hégémonie ibérique, c’est bien sûr la révolution technique et scientifique, l’accélération du cours de l’histoire, l’invention d’une nouvelle temporalité, qui bousculent partout les rythmes anciens chers à la sensibilité exotique, décrivant ainsi les points forts d’une modernité « coloniale » dont Roubaud avait pu observer quelques exemples éclatants au Maroc14 . Il y a bien sûr dans ce livre tout un héritage saint-simonien sur lequel il est inutile d’insister. Mais ce thème est un véritable lieu commun dans la littérature des années 1920-1940, qu’il conduise à une exaltation des rythmes nouveaux15 ou au contraire à une déploration romantique de la disparition des mondes anciens. En 1925, dans le chapitre de conclusion de Derniers reflets à l’Occident, André Chevrillon s’était souvenu de ses lectures anglaises (Burke, Carlyle, Ruskin) au moment de tracer la panorama d’un fantastique changement d’époque qui voit partout triompher un nouveau principe d’organisation du réel, pragmatique, utilitariste, désenchanté, contredisant toutes les cultures jusqu’alors connues sur le globe, et qui toutes s’étaient fondées sur « une certaine représentation de l’absolu » : « C’est la première fois que l’on voit de grandes sociétés muer toutes en même temps, dans le même sens, parce qu’un travail spontané de l’esprit ruine en chacune ses antiques idées directrices pour la soumettre au nouveau principe rationaliste et utilitaire »16. On entend dès lors partout les « craquements » d’un monde millénaire, d’Istanbul à Fès, de Marrakech à Bombay et c’est là le cœur, pense Chevrillon, de la réalité de l’ère impériale. Cette réalité, faite de bouleversements culturels jusqu’alors inédits, les littératures de l’époque ont-elles su en mesurer toute l’ampleur ? Au-delà de l’illusion exotique dont la grande tentation est de figer les cultures dans leurs miroitements esthétiques, ont-elles pu exprimer l’historicité profonde de leur temps ? A l’évidence, les grands textes de l’ère coloniale, ceux qui ne s’enferment pas dans le poncif et l’ethnotype, ont tous été sensibles au « phénomène nouveau, sans analogue dans l’histoire humaine » dont Chevrillon analyse la « rapidité, qui s’accélère toujours »17. Certes, les réactions au nouveau cours des choses sont infiniment variées : cela va de la nostalgie d’un Loti, qui, dans son beau récit de 1890, souhaitait que le vieux Maroc oriental puisse échapper, comme miraculeusement, à une main mise européenne qui lentement le banaliserait, à l’exaltation « constructiviste » des grands récits coloniaux classiques (Robert Randau, Louis Bertrand, Robert Delavignette, Oswald Durand, André Demaison), qui adhérent, avec plus ou moins de réserves, à l’intention modernisatrice du nouvel ordre impérial. D’autre part, la sensibilité exotique survit dans les romans et les récits des années trente (Odette du Puigaudeau en est un bel exemple), et n’est nullement détruite par un roman colonial aux visées plus réalistes et historicistes. Le roman colonial lui-même (Robert Delavignette) se laisse souvent aller à une nostalgie exotique que ne parvient jamais à détruire complètement l’état d’esprit pionnier et conquérant qu’exalteront un Robert Randau ou un Jean d’Esme18. Les choses sont donc complexes et nécessitent, plus qu’un réflexion théorique sur les genres littéraires et les définitions, un véritable retour au texte, une analyse précise des textes eux-mêmes que la notion de littérature d’Empire permet sans doute de regrouper par delà leur évidente diversité. 

            Sur ce point précis, André Chevrillon (1864-1957), aujourd’hui bien oublié –alors qu’il fut, avant 1914 et jusqu’en 1936- un auteur très lu et respecté, mérite un détour : son œuvre fut en effet au cœur de toutes une série d’interrogations historiques, philosophiques, esthétiques et elle a su voir avec acuité un certain nombre de problèmes cruciaux soulevés par l’expansion impériale. Chevrillon connaissait d’autant mieux toutes ces questions complexes que sa double culture, française et anglaise (il fut agrégé d’anglais en 1887), faisait de lui un témoin averti de la réalité impériale de l’Europe. Ce neveu d’Hippolyte Taine (qui veilla sur son éducation après la mort prématurée de son père) eut d’autre part l’opportunité, durant toute sa jeunesse, de fréquenter un milieu parisien érudit et très informé des grands problèmes de politique coloniale.  Il sera toute sa vie bien introduit dans le groupe influent des artisans de la colonisation. En 1905, il entreprit un premier voyage au Maroc19 où il fut accueilli par son beau-frère Georges Saint-René-Taillandier, Ministre de France à Tanger. Celui-ci l’avait déjà reçu à Beyrouth en 1894. En 1913, puis en 1917, il voyagera à nouveau au Maroc, invité par Lyautey qui était très attentif à soigner ses relations avec les écrivains et les intellectuels. Il sera élu à l’Académie française en 1921, et siègera aussi à l’Académie des sciences coloniales. Son œuvre20  fut marquée dès son premier grand récit de voyage, Dans l’Inde (1891), par la conviction d’être le témoin de l’un des grands bouleversements du monde, et du cours nouveau que le renforcement des politiques impériales – particulièrement en France- allait imprimer à l’histoire de l’Europe. De ce point de vue, le premier récit, Dans l’Inde, est particulièrement intéressant, y compris dans certaines de ses naïvetés (Chevrillon commença à le rédiger dans sa vingt-quatrième année). Il fut publié douze avant celui de Pierre Loti, L’Inde sans les anglais (1903) qui pourtant l’éclipsera dans la mémoire littéraire. La conquête complète du pays par les anglais était chose effective depuis 1819-1820. Par ailleurs, la culture européenne avait approfondi depuis la fin du XVIIIème siècle sa connaissance des textes sacrés de l’hindouisme : en 1784, la traduction anglaise de la Bhagavad-Gîtâ par Wilkins eut un retentissement européen21 , et Chevrillon avait pu prendre connaissance de l’édition parrainée à Oxford par Max Müller des Sacred books of the East, qui comportera en tout cinquante volumes, de 1879 à 1910. Bien évidemment, sa vision de l’Inde devra beaucoup à la science orientaliste européenne de son temps qui depuis une centaine d’années avait abattu un travail considérable, non sans faire des choix parfois contestables et omettre certains pans de la réalité indienne que l’on redécouvrira plus tard : Chevrillon comme beaucoup de ses contemporains ne comprend pas l’Inde dravidienne et est surtout fasciné par la métaphysique savante (védique et vishnouïste) plus que par la religiosité populaire. Si c’est l’Inde « métaphysique » qui l’attire (ce qui l’inscrit incontestablement dans le sillage d’un certain orientalisme romantique), il fut cependant très attentif au phénomène impérial en tant que tel, et consacra de nombreuses pages curieuses au processus de modernisation technique que l’Empire britannique encourageait. Il sut décrire aussi avec un sens de l’observation souvent très ironique les colons anglais transplantés en Inde, commerçants, fonctionnaires, militaires, et qui souvent y transportaient leurs habitudes les plus insulaires. Le tableau de l’Inde tend dès lors à devenir une sorte de diptyque : il y a d’un côté l’Inde moderne, saisie dans un tourbillon de transformations, ouverte au commerce et aux échanges, que symbolise surtout Bombay. Et à côté d’elle, certainement en dehors d’elle, et très loin dans le temps même si leurs espaces peuvent se juxtaposer quelquefois, l’Inde « indienne », comme l’écrit Chevrilllon lorsqu’il arrive à Bénarès. Dès le début de son voyage, Chevrillon fut sensible à ce clivage de l’espace, qui pose, au-delà de l’anecdote, un certain nombre de questions brûlantes. Sur le bateau déjà, avant même d’aborder à Ceylan (et de s’imprégner alors d’atmosphères qu’il dépeint comme purement « exotiques »), le jeune voyageur éprouve un certain malaise : « Sous la double tente, les soirées sont pénibles : odeurs fades de cigarettes, d’huile de machine. D’ailleurs, on est las de faire les cent pas avec des connaissances de voyage, d’échanger des lieux communs à propos du général Boulanger ou de M. Gladstone, de subir toutes les banalités de cette civilisation »22. Par la suite, le récit confirmera cette ligne de partage entre un climat exotique et un climat colonial. Le premier renvoie davantage à des sociétés qui ont su, au cours des siècles, perpétuer les intuitions premières qui les ont vues construire des styles architecturaux et des spiritualités. Leur essence est religieuse, et le sacré bouddhiste qui règne à Ceylan comme la spiritualité hindouiste de Bénarès sont aux antipodes du climat colonial moderne, tout entier tourné vers le monde matériel et l’utilité. Tout au long du récit, Chevrillon analyse ce que nous appellerions aujourd’hui des phénomènes de globalisation (par le commerce et les routes maritimes, par la technique et les chemins de fer) qu’il oppose à la sacralité des sociétés closes, tournées vers elle-même, et certainement un certain enchantement des origines. Les sociétés ouvertes banalisent, les sociétés traditionnelles maintiennent partout la chaleur et la ferveur du mythe et du récit légendaire. La globalisation est omniprésente, dans sa réalité sociale et économique,  sans être nommée en tant que telle (Chevrillon parle plutôt d’une « généralisation » des principes utilitaristes qui sont au fondement des sociétés modernes). On la retrouve d’abord dans la grande salle de réception du navire qui traverse l’océan indien : « Elle est très belle, cette salle, toute pleine d’Européens de passage, qui font des taches noires sur la foule blanche des Asiatiques. C’est ici comme un grand buffet posé au carrefour des grand’routes de la terre. A ces tables se rencontrent des voyageurs partis des point opposés du globe…  passagers du Paramatt qui fait route demain pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande, militaires français, passagers du Calédonien qui continuent ce soir vers Singapour et Saïgon, Chinois qui vont visiter l’Europe, Civilians anglais qui vont administrer l’Inde »23 . Il y a ainsi un début de brassage –à défaut de véritable métissage- qui va par la suite caractériser toutes les atmosphères coloniales que décrit Chevrillon, à l’exception, bien sûr, des quartiers et des zones où les colons anglais ont tout simplement reproduit à l’identique leur mode de vie d’origine. A Bombay (et nous sommes alors à la fin du voyage), ce brassage provoque même un sentiment de confusion, en même temps qu’il inquiète comme la préfiguration possible d’une société future où les grandes cultures auraient toutes perdu leur style et leur singularité : « Décidément, j’ai du mal à comprendre la physionomie de cette Bombay, trop diverse et trop confuse. (…). Partout, à toute heure du jour, le ruissellement de la foule, plus dense qu’à Bénarès, une foule bigarrée où se confondent tous les costumes de l’Asie, où se coudoient tous les types de l’humanité, Européens en jaquette, Arabes en fez, Persans, Afghans, nègres lippus, grêles Malais, Cinghalais féminins, Parsis, Juifs, Chinois en robes de soie. Probablement, depuis Alexandrie, il n’y a pas eu un tel raccourci de toute l’humanité, de ville aussi cosmopolite. Il y a ici des coins de Londres, des coins de Bénarès, des coins de Shangaï »24. En ce sens, Bombay est bien une grande ville d’Empire, à la différence de Bénarès l’impénétrable25. Ces « coins de Londres », Chevrillon les retrouvera partout en Inde26, jusqu’à percevoir d’ailleurs la colonisation comme étant aussi la tentative de greffe d’un coin de l’âme anglaise sur l’âme indienne. Mais il ne cessera de poser une question qui est à ses yeux essentielle : jusqu’à quelle profondeur l’influence anglaise est-elle parvenue : imprégnation véritable ou simple verni de surface ? Dès le début de son voyage, il avait rencontré des hindous anglicisés, qui souvent l’ont laissé perplexe, surtout lorsqu’ils lui tiennent des propos favorables à la colonisation. A Kandy, il avait déjà engagé dans le train une conversation étonnante avec un « gentleman cinghalais » qui prenait à son compte toute l’argumentation anglaise en faveur de la modernisation du pays tout en exprimant son mépris pour l’ « ignorance et l’idolâtrie » du « pauvre paysan cinghalais » comme s’il était lui-même « un colon anglais »27. Mais Chevrillon objecte toutefois qu’une « copie aussi parfaite n’est pas naturelle », et en observant  que « cet étalage européen jure avec sa jupe blanche », il se demande si l’ « imitation va plus loin que la surface »28 : ce qui est en cause, c’est bien sûr la résistance des cultures au processus d’occidentalisation, dont Chevrillon est à deux doigts souvent de remettre en cause la légitimité. En Inde, et, comme il le constatera par la suite, au Maroc29, la pénétration occidentale entraîne tout d’abord une démoralisation, une destruction des mœurs anciennes et de l’ordre –surtout symbolique- qu’elles construisaient. Il faut noter que cette inquiétude se retrouve dans plusieurs récits de l’ère coloniale, et avec une force toute particulière dans La fête arabe de Jérome et Jean Tharaud30, constat amer et paradoxal de la destruction par le processus colonial de l’ancienne culture bédouine, porteuse de valeurs morales et sociales puissantes vouées, semble-t-il, à une implacable érosion. Il y a chez Chevrillon le même doute sur les bienfaits ultimes d’un décloisonnement des mondes qui se traduit d’abord par la destruction d’équilibres anciens et civilisateurs. On comprend dès lors sa fascination pour les espaces les plus préservés, au cœur de Ceylan la bouddhiste et de Bénarès l’hindouiste, quand il a l’impression de parvenir à un centre, un point de gravité où l’essence originelle des cultures n’a rien perdu encore de ses pouvoirs anciens. Il comprend alors que l’Europe, et surtout sa réalité contemporaine, façonnée par la science et une conception positiviste du monde, n’est qu’ « un petit coin du globe où se poursuit un développement local et particulier de l’humanité »31 : voyager, au cœur des Empires, permet de prendre cette juste mesure des choses. Le paradoxe est bien dans un processus colonial qui rapproche les cultures et en même temps les relativise et les particularise : l’Europe, en voulant s’imposer comme le seul centre du monde, découvre qu’elle est environnée, comme noyée, dans de vastes univers culturels qui jusqu’à présent ont su se passer d’elle. Chevrillon ne va pas au-delà de cette saisie des réalités des Empires, sans trancher sur le fond : l’Inde pourra-t-elle préserver, dans le processus de décloisonnement qui l’affecte, l’essentiel de son « essence », pour reprendre le vocabulaire, évidemment romantique, du récit de son récit ? L’occidentalisation se contentera-t-elle d’être technique, commerciale, financière, sans toucher aux profondeurs religieuses d’une culture qui, comme toutes celles des vieux mondes, est « fondée, en dernière analyse, sur une certaine représentation de l’absolu »32. Quelques années plus tard, au Maroc, face à l’Islam, l’interrogation restera la même, et encore, dans les années trente, au Mzab, en Algérie. Dans tous ces livres de Chevrillon, il est évident que la question de l’espace – culturel plus que géographique- est centrale en même temps que celle de la rencontre de mondes qui parfois vécurent entièrement séparés, jusqu’au moment où les vastes Empires coloniaux vinrent les désenclaver33. Bertrand Badie rappelle, dans La fin des territoires, que la notion d’Empire diffère de celle d’Etat-nation ou de colonies sur ce point précis de la vision politique de l’espace : « Il est certain que le projet culturel qui fonde la construction impériale est peu compatible avec le principe de territorialité. Il suppose extension, rayonnement et diffusion ; il est à ce titre, rebelle à tout bornage. L’Empire ne connaît en fait qu’une identité, celle de la culture qu’il promeut et qu’il a pour objectif d’universaliser »34. Mais dans le projet colonial lui-même, il y a bien sûr la vision d’extension du principe de territorialité (le cas exemplaire fut l’Algérie), bien plus que l’invention d’une forme politique nouvelle « dotée de son propre usage du territoire qui se distingue de l’Etat-nation pour opposer, aux vertus de l’unicité, de la fixité et de la frontière, celles de la multiplicité, de la souplesse et des limes »35.  Il y a bien, en ce sens, depuis la deuxième colonisation française, une littérature d’Empire, sensible à l’ouverture mondiale des voies de communication et d’échange, à la multiplicité des cultures et des « centres », à la coexistence des imaginaires, et une littérature coloniale, davantage préoccupée par les « territoires » et les frontières. Les récits de voyage et d’aventure illustrent parfaitement la première alors que la seconde relève davantage d’une volonté coloniale constructiviste et assimilationniste. Une rapide comparaison entre André Chevrillon et Ernest Psichari permettra de mieux comprendre cette ligne de partage qui ne recoupe pas exactement la distinction classique littérature coloniale/littérature exotique.

             Une génération sépare Ernest Psichari (1883-1914) d’André Chevrillon, mais ce petit-fils de Renan vécut comme l’auteur de Dans l’Inde au cœur des élites républicaines de la France d’avant 1914, lut souvent les mêmes écrivains que lui et conçut une œuvre profondément marquée par le processus colonial. La différence essentielle est de tempérament d’abord (la jeunesse de Psichari fut tourmentée et parfois chaotique), mais tient aussi aux engagements personnels et aux carrières. Psichari fut un colonial classique, hormis sa sensibilité littéraire à fleur de peau, sa culture raffinée, et ses talents de plume, caractéristiques que l’on retrouve ailleurs36 , mais qui prirent chez lui un relief bien particulier37. D’abord engagé dans l’armée de terre, il rejoignit, en décembre 1905, le 1er régiment d’artillerie coloniale, à Lorient. Cela lui permit d’intégrer l’équipe de la Mission du Haut-Logone, dirigée par le commandant Lenfant, entre les bassins du Tchad et du Congo. Les buts de la Mission relèvent d’une territorialité coloniale des plus classiques : « Quand Psichari arrive en Oubangui-Chari, la présence française y est très faible et la résistance africaine vivace. Il reste à prendre véritablement possession de la colonie, à en déterminer les contours pour en maîtriser l’espace », comme l’écrit Frédérique Neau-Dufour38 . Durant toute la Mission, Psichari tint un Journal qui est un document de première importance pour comprendre de l’intérieur ce que fut la vie quotidienne en même temps que les préoccupations scientifiques d’une expédition africaine comme il y en eut alors beaucoup. En 1908, Psichari publia à Paris chez Calmann-Lévy un livre qui lui valut l’admiration de quelques grands noms des lettres françaises de l’époque (entre autres Charles Péguy) : Terres de soleil et de sommeil, dont la « première jetée », pour reprendre l’expression d’Henriette Psichari, fut offerte au public à titre posthume dans l’édition des Oeuvres complètes de 1948 sous le titre de Carnets de route39. La vision « territorialisante » de l’Afrique est frappante dans ces deux livres. Il s’agit bien sûr de faire reculer le plus possible la part d’ombre et d’inconnu d’un continent encore mystérieux et opaque : répertorier et identifier les populations, dresser des cartes, fixer avec une précision parfois maniaque le cours des fleuves, envisager la possibilité de nouveaux tracés de routes, établir le lexique des langues africaines, essayer de comprendre leur religion, leurs coutumes, leur organisation sociale. Dans le récit qu’il fit en 1909 de cette Mission40, le commandant Lenfant résuma en quelques phrases lapidaires, et sans doute excessivement optimiste, ce désir colonial de contrôle et d’inventaire de l’espace géographique comme culturel : « Les races ont été pénétrées et décrites, le mystère est éclairci sur leur compte (…). La Mission a soulevé l’un des derniers voiles de ténèbres qui recouvraient encore ces régions du Continent noir ». Psichari n’émettra jamais de réserve à cet égard, mais il aura une manière beaucoup plus littéraire d’inscrire l’Afrique dans l’imaginaire européen et français, et donc de réduire son étrangeté et sa distance. Il faut relire dans cette perspective les belles pages qu’il consacre, dans Carnets de route, au « romantisme » de l’Afrique, qui est sans cesse décrite en référence à des œuvres occidentales : « De larges vallées boisées nous entourent, et nous nageons ici dans le Lamartine le plus pur. Nullement exempt de mystère, ce Nao, farouche et lumineux Walhalla ! Ici, Wotan et Brunnehilde au yeux glauques habitèrent peut-être avant l’exil dans la brume »41. Dans Terres de soleil et de sommeil, le monde antique est  invoqué à longueur de pages pour faire de l’Afrique contemporaine une sorte de miroir de cet univers perdu : un enfant gonflant ses joues ressemble à un triton, ailleurs, on se retrouve dans des atmosphères homériques, mais le drapé des femmes peut aussi bien renvoyer à l’Orient, un Orient qui n’est jamais perçu comme totalement étranger à l’Europe, puisque la Grèce en est l’un des visages. Certes, tout comme dans les récits de Chevrillon que Psichari avait sans doute lus, il arrive que l’on éprouve un sentiment plus inquiétant : celui d’être face à des réalités impénétrables que l’on a peut-être l’illusion de pouvoir expliquer. Mais pour l’essentiel, le devoir du colonial est de créer de la ressemblance, en inscrivant la réalité africaine dans des frontières stables, en la fixant et la déterminant.

             Il est sans doute possible de relire beaucoup de textes de l’ère de l’expansion à partir de ces deux postures, qui, certes, ne sont pas toujours séparées de façon trop tangible. Il s’agit plutôt dans l’un et l’autre cas d’une sensibilité, d’une tonalité dominantes que laissent s’exprimer les textes. L’imaginaire territorial des littératures coloniales, dans l’acception stricte et précise de ce mot, voisine avec des représentations plus fluides des cultures et des espaces, où les thèmes de l’éloignement, de la diversité, de la pluralité des centres s’accommodent plus facilement de l’héritage culturel de l’exotisme. L’imaginaire colonial est sans doute l’expression, historiquement très datée, d’un imaginaire impérial autrement plus vaste, où s’expriment avec sans doute davantage de force les enjeux –aujourd’hui éclatants- d’une littérature mondiale dont nous percevons désormais qu’elle est la lointaine conséquence d’un processus fort ancien de décloisonnement des mondes : et surtout le creuset, de nos jours, de toutes nos modernités culturelles.                                            

                             

Notes


1 A titre indicatif : Jean-Marie Seillan, Aux sources du roman colonial (1863-1914). L’Afrique à la fin du XIXème siècle, Paris, Karthala, 2006. Jacques Weber (dir.), Littérature et Histoire coloniale, Paris, Les Indes savantes, 2005, Jean-François Durand et Jean Sévry (dir.), Regards sur les littératures coloniales, trois volumes, Paris, l’Harmattan, 1999. Roger Little dirige depuis 2002 une collection de réédition de textes de l’ère coloniale (Paris, « Autrement Mêmes », éd. L’Harmattan) qui en est, à ce jour à son quarantième volume (entre autres Lucie Cousturier, Pierre Mille, Lafcadio Hearn, Roland Lebel, Jean d’Esme, Robert Randau, Georges Hardy, Maurice Delafosse…) Une société savante, fondée à Montpellier en 2002, la Société internationale d’étude des littératures de l’ère coloniale (SIELEC ) publie ses travaux annuels aux éditions Kailash, Paris-Pondichéry : Littérature et colonies (2003), Nudité et sauvagerie, fantasmes coloniaux (2004), Fait religieux et resistance culturelle dans les littératures de l’ère coloniale (2005), L’usage de l’Inde (2006). 

 

2 La mise en valeur des colonies françaises, Paris, Payot, 1922.

 3 On retiendra parmi les œuvres classiques qui reprennent (non sans nuances parfois), le thème de la modernisation coloniale, Robert Delavignette, Les paysans noirs, Paris, Stock, 1931 et  Oswald Durand (Préface d’André Demaison) Terre noire, éditions L. Fournier, 1935. Dans sa Préface, Demaison oppose un « vrai » exotisme, qui correspond en fait à la visée réaliste des littératures coloniales, à l’ « exotisme de convention » qu’il pense trouver chez Chateaubriand, Bernardin de Saint-Pierre et Pierre Loti.

 4 Littérature et Histoire coloniale, Op. cit., p. 15

 5 Ibid., p.17.

 6 Marius-Ary Leblond, Après l’exotisme de Loti, le roman colonial, Paris, Valdrasmussen, 1926. Voir aussi Roland  Lebel, Histoire de la littérature coloniale, Paris, Larose, 1921 et Eugène Pujarniscle, Philoxène ou la littérature coloniale, Paris, Firmin Didot, 1931.

 7 Voir la mise au point de Jean-Marc Moura, « Littérature coloniale et exotisme », dans Regard sur la littérature coloniale, tome I, Paris, L’harmattan, 1999, p. 21-39.

 8 L’ouverture du monde. XIVè-XVIè siècles, volume dirigé par Bartolomé Bennassar et Pierre Chaunu, tome I de l’Histoire économique et sociale du monde de Pierre Léon, Paris, Armand Colin, 1977. Plus récemment, C. A.  Bayly a proposé une synthèse historique, mais plus en prise sur lévènement contemporain,  de ce vaste processus de désenclavement des mondes, La naissance du monde moderne (1780-1914), Paris, Le Monde diplomatique-Les éditions de l’atelier, 2006 (1ère édition Oxford, 2004). Un chapitre entier aborde les problèmes de la globalisation dans « le monde des arts et de l’imagination » (p. 414-441).

 9 Luis de Matos, L’expansion portugaise dans la littérature latine de la Renaissance, Lisbonne, Fondation Calouste Gulbekian, 1991, p. 41-42.

 10 Paris, éditions de la Martinière, 2004.

 11 Paris, Fayard, 1989, p.109-110 (1ère édition Londres, 1987). Le chapitre 9 est consacré au thème des « arts renouvelés » à l’ère des Empires.

 12 Edward Saïd remarque dans Culture et Impérialisme : « En partie à cause de l’impérialisme, toutes les cultures s’interpénètrent, aucune n’est solitaire et pure, toutes sont hybrides, hétérogènes, extrêmement différenciées et sûrement pas monolithiques » (p. 29). Ce constat est le point de départ du bel essai de Homi K. Bhaba, Les lieux de la culture. Une théorie postcoloniale.

 13 P. 4 et 5.

 14 Mograb,Paris, Grasset, 1934.

 15 Ces nouveaux rythmes fascinent bien sûr les écrivains voyageurs de l’époque, comme Paul Morand . André Demaison, dans La revanche de Carthage (Paris, Les écrivains français, 1934) voyait quant à lui dans l’avion le symbole d’une modernité impériale qui introduisait dans l’histoire une nouvelle dimension spatio-temporelle. Le chapître II de son livre s’intitule de manière significative « Les routes de l’air ».

 16 Derniers reflets à l’Occident, tome II, p. 238, 243.

 17 p.  242.

 18 Robert Randau, Les colons, Paris, Sansot, 1907 (réédité par Raïd Zaraket, L’Harmattan, 2007, collection « Autrement mêmes ») et Les Algérianistes, Paris, Sansot, 1911.  Jean d’Esme, Les Défricheurs d’Empires, Paris, Les éditions de France, 1937. Louis Bertrand avait, dès 1899 avec Le sang des races (Paris, Ollendorff)

 19 Il visita l’Inde une première fois en 1888, puis en 1902 avec un détour par Ceylan et la Birmanie. En 1892, il découvrit l’Egypte et la Judée. Il parcourut plusieurs fois le Maroc, entre autres en 1905, 1913 et 1917, puis l’Algérie en 1923 et 1925. Il fut aussi un analyste attentif de l’évolution de la société américaine.

 20 Parmi les titres les plus importants :

Dans l’Inde, Hachette, 1891.

Terres mortes, Thébaïde Judée, Hachette, 1897. Réédition Paris, Phébus, 2002.

Etudes anglaises, Hachette, 1901.

Sanctuaires et paysages d’Asie, Hachette, 1905.

Un crépuscule d’Islam, Hachette, 1906.

La pensée de Ruskin, Hachette, 1909.

Nouvelles Etudes anglaises, Hachette, 1910.

Marrakech dans les palmes, Calmann-Lévy, 1919. Réédition Aix-en-Provence, Edisud, 2002.

L’enchantement breton, Plon, 1925.

Derniers reflets à l’Occident, Plon, 1925.

Les Puritains du désert, Plon, 1927.

Taine, formation de sa pensée, Plon, 1932.

Visions du Maroc, 1933.

Kipling, Plon, 1936.

21 Sur tous ces points, voir Raymond Schwab, La Renaissance orientale, Paris, Payot, 1950.

 22 Dans l’Inde, p. 7.

 23 p.16.

 24 p. 281. Voir de même les descriptions de Darjeeling p. 74 et surtout p. 81 : « On arrive préparé par le voyage pour les grandes émotions, et l’on trouve une ville de plaisance anglaise ».

 25 Dans ses récits marocains, Chevrillon retrouvera ce contraste à travers l’opposition Fès, ou Marrakech/Casablanca. Il consacre des pages remarquables dans Marrakech dans les palmes à l’expansion « californienne » de Casablanca, sur fond de spéculation immobilière et de dérèglements boursiers : « J’imagine que la Californie, le Klondyke ont ainsi commencé. dans un cadre hétéroclite où la vieille misère indigène, ailleurs si touchante et si grave, s’avilit, je ne voyais que les désordres de la Bourse et de la fête. Bourse et foire aux terrains, à tout moment et partout… » (rééd. Edisud, 2002, p. 18.)

 26 Il note par exemple à Calcutta : « Rien de bizarre comme ce mélange d’Asie et de Londres..par instant, on se croirait dans le West-End, près d’Hyde-Park. Mêmes larges rues droites, mêmes maisons monumentales, mêmes porches à colonnes grecques, même ampleur des trottoirs, mêmes squares ceints de grilles, mêmes statues anglaises à tous les coins de rue » (Dans l’Inde, p. 67).

 27 p. 20.

 28 p. 21.

 29 Le Maroc passionna Chevrillon parce qu’il demeura longtemps fermé à la pénétration occidentale, du moins dans ses masses continentales. le traité de Fès ne fut signé qu’en 1912, et le pays ne fut véritablement « pacifié » qu’à la veille du second conflit mondial. La littérature abordant ces problèmes est considérable, de Charles de Foucauld à Eugène Aubin, de Walter Harris à Maurice Le Glay et Saïd Guennoun, d’Etienne Nolly à René Euloge.

 30 Paris, Emile-Paul, 1912.

 31 Dans l’Inde, p. 68.

 32 Derniers reflets à l’Occident, op. cit., p. 238. On reconnaîtra une influence de Carlyle : pour un individu comme pour une communauté, « the thoughts they had were the parents of the action they did ; their feelings were parents of their thoughts : it was the unseen and spiritual in them that determined the outward and actual ; their religion, as I say, was the great fact about them », On heroes, hero-worship and the heroic in history, Londres, Chapman and Hall, 1893, p. 3.

 33 Vision certes réductrice qui ne tient pas compte dune histoire complexe au cours de laquelle les routes et les voies d’échange existaient bien sûr, mais souvent vers d’autres géographies que celle de l’Europe.

 34 La fin des territoires, Paris, Fayard, 1995, p.21.

 35 Ibid., p. 27.

 36 Voir André Le Révérend, Un Lyautey inconnu. Correspondance et journal inédits, 1874-1934, Paris, Librairie Académique Perrin, 1980 et Lyautey écrivain, Ophrys, 1976.

 37 Voir le portrait tout en nuances qui se dégage de la biographie de Frédérique Neau-Dufour, Ernest Psichari, l’ordre et l’errance, Paris, les éditions du Cerf, 2001.

 38 Ibid., p. 136. Voir aussi ma réédition des Carnets de route, Paris, L’Harmattan, collection « Autrement mêmes », 2007.

 39 Tome I des Œuvres Complètes d’Ernest Psichari, Paris, Editions Louis Conard, librairie Jacques Lambert.

 40 La Découverte des grandes sources du centre de l’Afrique, Paris, Hachette.

 41 Œuvres Complètes, tome I, p. 64-65.

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 fg                                                                                                    

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