Etat des recherches en littérature anglophone [ 1/2 ]
Jean Sévry , Université Montpellier III
Que
peut-on dire des écarts qui sépareraient les littératures coloniales
anglophones de celles de la francophonie ? On a beaucoup débattu sur la
question, non sans excès, en opposant le système français de
« l’assimilation » à celui de « l’Indirect Rule ». Il est
bien vrai que les systèmes de colonisation et les mentalités n’étaient pas les
mêmes, ce qui correspondait aussi et correspond encore à des différences
historiques et culturelles existant entre les métropoles en présence, tant au
niveau économique que sur le plan des idées (importance de la dimension
protestante ou calviniste par opposition à une laïcité républicaine, même si ce
contraste mérite d’être nuancé). Il faut encore mentionner des aires
géographiques spécifiques (Empire des Indes, Australie, Afrique australe,
etc…). Nous avons été longtemps en rivalité, en Afrique comme au Moyen-orient.
Mais
il y a plus. Si l’Angleterre a fait assez rapidement le deuil de ses colonies
(Indes, dès 1947), il n’en a pas été de même pour notre pays, qui ne l’a
toujours pas terminé. Ce qui s’est passé à Madagascar, en Indochine et en
Algérie n’est pas comparable à ce qui s’est déroulé au Kenya. Sous Pétain comme
sous De Gaulle, la France n’a pas cessé d’exalter son empire pour tenter de
panser les blessures de la défaite de 1940, et tout ceci a fini par constituer
des lourdeurs, des pesanteurs historiques que l’on retrouve en 2005 au travers
d’un débat très confus sur « les aspects positifs » de notre passé
colonial.