Nous avons
eu la grande tristesse d’apprendre le décès de Jean
Sévry, secrétaire général de la SIELEC, qui
joua un rôle essentiel dans la fondation de l’Association
et qui par la suite insuffla son dynamisme à de nombreux
colloques et rencontres de la Société. Jean Sévry
fut en France et plus particulièrement à Montpellier un
pionnier des études littéraires et culturelles concernant
le Commonwealth. Agrégé d’anglais, Docteur
d’Etat, il fut deux ans lecteur en Grande Bretagne avant
d’enseigner huit ans dans les Ecoles Normales et d’entamer
sa carrière universitaire à la faculté des lettres
de Montpellier. Il impulsa dans cette Université,
jusqu’à sa retraite, les études africaines, dans un
esprit interdisciplinaire. Il effectua de nombreuses missions en
Afrique (Sénégal, Algérie, Burkina Faso,
Zimbabwé, Afrique du Sud) pour le Ministère de la
Coopération, l’AUDECAM et le Ministère des Affaires
Etrangères. Il fut aussi responsable d’un DEA
d’études africaines en collaboration avec l’ORSTOM
et le CNRS.
Nous indiquons ici
quelques-unes de ses principales publications, sans souci
d’exhaustivité, bien sûr :
-
Anthologie critique de la littérature anglophone (en collaboration), 10X18, 1983.
-
La Voix, de Gabriel Okara, roman traduit de l’anglais, Hatier poche, 1985.
-
Afrique du Sud, l’apartheid en crise, La Documentation française, 1987.
-
Chaka, Empereur des zoulous, Histoire, Mythes et Légendes, L’Harmattan, 1991.
-
Les Ancêtres et la Montagne sacrée et autres récits, poèmes de Mazizi Kunene, éditions du Silex, 1994.
-
Le télescope de Rachid de Jamal Mahjoub, roman traduit de l’anglais, Actes-Sud, 2000.
-
Le train des sables (id.) 2001.
-
Là d’où je viens (id.) 2004.
-
Littératures d’Afrique du Sud, Paris, Karthala, 2007 (Grand Prix littéraire de l’Afrique noire, 2008).
-
Un voyage dans la littérature des voyages. La première rencontre, L’Harmattan, 2012.
Jean Sévry a aussi coordonné plusieurs
ouvrages des Cahiers de la SIELEC, dont la liste figure sur ce site. Il
a travaillé jusqu’à la limite de ses forces, avec
un courage impressionnant, pour terminer ses derniers livres,
dont il aurait aimé voir la publication. La SIELEC lui rendra un
hommage particulier en publiant en 2013 la dernière étude
dont il corrigeait encore les épreuves quelques jours avant sa
mort : Quatre anglaises dans l’aventure coloniale. Deux livres,
qu’il venait d’achever, n’avaient pas encore
trouvé éditeur. Il s’agit de traductions de deux
grands poètes africains auxquels il tenait
particulièrement : L’incantation du pêcheur de
Gabriel Okara (Nigéria) et Poèmes zoulous de Mazisi
Kunene (Afrique du Sud).
Ces deux superbes traductions sont consultables sur ce site (Voir ci-contre)
Au-delà de l’hommage rendu au savant et
au chercheur, il faut rappeler, et tous ceux qui l’ont
approché le savent, les qualités humaines de notre ami
disparu : une passion et un enthousiasme rares, une exceptionnelle
ouverture d’esprit, et des engagements et des convictions solides
qui firent de lui un militant dévoué, à
Montpellier entre autres, de la lutte contre l’apartheid.
Il était convaincu que l’Afrique
était un formidable vivier de talents, de
créativité, d’art et de poésie. Il ne
concevait le travail d’universitaire que dans un rôle de
passeur, d’où l’importance qu’il attachait
à la traduction. Il a contribué à former, à
Ouagadougou entre autres, de nombreux étudiants africains. Il va
de soi que le groupe amical que nous formons à la SIELEC va
continuer à travailler dans l’esprit humaniste qui fut le
sien, pour que les cultures et les mondes se rencontrent.