APPEL A COMMUNICATION
RENE MARAN:
UN ECRIVAIN ENGAGE DANS LA DEFENSE DES NOIRS ?
Hommage à l’écrivain à l’occasion du cinquantenaire de sa mort.
PARIS
9 et 10 DECEMBRE 2010
Le
Centre International de Recherches sur les Esclavages (CIRESC) organise dans le
cadre du projet européen EURESCL (7e PCRD), un colloque
international en hommage à René Maran pour le cinquantième anniversaire de sa
mort.
L’année
2010 de commémoration des Indépendances africaines est aussi celle du
cinquantenaire de la mort d’un de ceux qui, le premier, prit la plume pour
s’engager en faveur des colonisés d’Afrique noire.
René
Maran (1887-1960) peut en effet être considéré à bien des égards comme un
initiateur de l’anticolonialisme. Fils d'un administrateur colonial guyanais et
d'origine esclave, son engagement politique et militant puise aux années qu'il
a passées en Oubangui Chari comme commis de l’administration coloniale. Il y
trouve l’inspiration du roman Batouala primé par le Goncourt en 1921,
alors même qu'il contient une préface dénonçant sans vergogne les abus de la
colonisation en Afrique équatoriale française. Erigé après sa mort en
« précurseur » de la Négritude par Senghor, il reste sans conteste
une référence incontournable de l’histoire coloniale et de la littérature
« noire ».
Ce
colloque organisé en son hommage sera cependant l’occasion d’interroger ces
évidences, tant il semble qu’elles aient souvent contribué à masquer l’écrivain
tout autant que son œuvre. Quels ont été précisément les apports réels, mais
aussi imaginés, de l’œuvre de René Maran dans les histoires intellectuelle,
culturelle et politique des espaces américain, africain et européen ? Qu’a
René Maran à nous apprendre sur son temps ? Quels ont été les échos de ses
pensées politique et littéraire en Europe, dans les Amériques et en
Afrique ? Selon quelles temporalités ? Quelle a été sa contribution
aux différentes « questions noires » de l’espace atlantique au
cours de 20e siècle colonial ? Mais encore, qu’a-t-on retenu de
lui ? Selon quelles modalités ? En quoi nous aide-t-il à penser le
métier d’écrivain en lien avec l’engagement politique ? Peut-il encore
nous être utile pour comprendre le moment historique qui est le nôtre ?
Telles
sont certaines des questions à partir desquelles nous voudrions mener notre
réflexion, en invitant les propositions à partir des axes suivants, qui sont
évidemment non-limitatifs :
• Resituer René
Maran dans son temps :
Nous ferons le choix de ne pas centrer l’analyse sur la littérature
« nègre » ni sur la place de René Maran par rapport à cette
production mais au contraire d’essayer de resituer René Maran dans le monde
littéraire, surtout de son époque : sa culture (Marc-Aurèle, Régnier…),
ses relations (Suarès et Bocquet…), ses « métiers » (écrivain,
journaliste, critique littéraire, biographe, conférencier…), ses options
littéraires (genres, thèmes, style…), sa trajectoire, etc. Nous essaierons de
faire la part entre l’usage, bon ou mauvais, fait de Maran et la position qu’il
a occupée effectivement à son époque.
• René
Maran et la « question noire » : Posons la question de la contribution de René
Maran aux définitions de la « question noire » en Europe, dans les
Amériques et en Afrique. Nous nous intéresserons aux discussions qu’il a
entretenues sur les questions relatives aux Noirs (leur statut, leur identité,
etc.) avec d’autres intellectuels et artistes au sein de ces différents espaces.
Elles ont été au fondement d’un travail de compréhension des situations et
conditions des Noirs dans leurs spécificités contextuelles mais aussi dans ce qu’elles
ont de commun. Seront ici étudiées les différentes réceptions (politiques,
culturelles, sociales, etc.) de son œuvre (littéraire mais aussi
journalistique) et ses traductions (particulièrement de Batouala).
• René Maran, un
écrivain engagé :
Nous nous intéresserons à l’engagement de
René Maran en tant qu’écrivain. Cet
axe sera notamment l’occasion d’une réflexion sur la
question des rapports
entre esthétique littéraire et pensée politique.
Nous pourrons nous demander en
quoi René Maran invite à réfléchir à
la figure de l’écrivain engagé et en quels
sens. En quoi permet-il d’éclairer, ou non, le parcours
d’autres écrivains.
Seront ici privilégiées d’une part les approches
comparatives mettant en
perspective sa trajectoire et ses choix avec ceux d’autres
écrivains, ainsi
que, d’autre part, l’étude de textes de Maran encore
peu travaillés, tel, par
exemple, que son Petit Roi de Chimérie (1924) qu’il avait consacré à une
critique de la Grande Guerre.
• L’héritage de
René Maran :
Questionnons la place de « précurseur » de la littérature
« noire » de René Maran au sein des espaces américains, africains et
européens. Demandons-nous dans quelle mesure il a été une référence littéraire
et/ou politique. La question de ses apports réels ou imaginés invite en effet à
réfléchir aux malentendus qu’a pu susciter son œuvre en les mettant en
perspective avec les enjeux politiques, sociaux, culturels, littéraires, en
prise sur ses lecteurs. Un intérêt particulier sera porté à la question de la
transmission de son œuvre. Existe-t-il une mémoire spécifique consacrée à René
Maran et/ou à ses écrits entre Europe, Amériques et Afrique ? Outre la
question de sa place au sein des histoires intellectuelles, littéraires et
politiques, nous pourrons aussi étudier les différentes modalités par
lesquelles il a fait l’objet d’un enseignement scolaire et quels en ont été les
effets.
Comité
scientifique :
Myriam Cottias,
Directrice de recherches, Cnrs-Crplc-ciresc-Eurescl
(7e Pcrd), Paris
Vincent Duclert,
Professeur agrégé, Ehess-Crh-Ahmoc,
Paris
Elsa Geneste :
Doctorante, Ehess-Crh-Ciresc-Eurescl (7e
Pcrd), Paris
Roger Little,
Professeur émérite, Trinity College, Dublin
Lourdes Rubiales,
Professeur, Université de Cadiz.
Les propositions de
communication comprendront un résumé de 300 mots maximum ainsi qu’une courte
biographie de l’auteur et ses coordonnées (adresse électronique, téléphone,
fax). Elles seront envoyées de préférence par courrier électronique, en format
word, à colloquemaran@ymail.com ou par courrier postal
à : « Colloque Maran », Ciresc
Bureau 21, 105 Bd. Raspail 75 006 Paris/France.
Date limite d’envoi
des propositions : 1er mai 2010.
Coordination scientifique : Elsa Geneste.
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