Le rôle des missions et des Églises
dans la constitution des champs littéraires locaux en Afrique subsaharienne
Projet de
Colloque international
13 au 15 avril 2011
ENS Yaoundé 1
Organisé par le CERLICO (ENS Yaoundé 1)
et le centre de recherches pluridisciplinaire Écritures (Université Paul Verlaine – Metz)
dans le cadre du projet « Etudes des littératures missionnaires »
(Axe 5 du Centre Ecritures : Construction des identités littéraires en contexte interculturel)
Appel à communication
Une première rencontre consacrée aux Roman et
théâtre missionnaires a eu lieu en septembre 2002 à
l'Université de Metz. Les actes en ont été
publiés aux éditions Peter Lang . Ce colloque, qui
avait un caractère exploratoire, a permis de mieux mesurer la
richesse, l’étendue et la variété du
domaine, mais aussi et surtout son intérêt à la
fois historique et théorique, notamment dans le cadre des
réflexions contemporaines sur la globalisation.
Le domaine de l’écriture missionnaire était
pourtant, à ce moment, peu fréquenté par la
recherche. Depuis lors, les choses ont quelque peu changé,
notamment avec la création d’un périodique
spécialisé : Histoire et missions
chrétiennes , et avec les travaux et publications du GRIEM
(Inst. Catholique de Paris) qui a organisé plusieurs
journées d’études et colloques, et publie par
ailleurs une nouvelle collection chez Brepols . Il faut y ajouter la
revue Social Sciences and Missions /Sciences sociales et missions,
nouvelle mouture de la revue Le Fait missionnaire créée
l’Université de Lausanne en 1995. Ces travaux,
essentiellement dus à des historiens, s’ajoutent à
ceux du CREDIC à Lyon, et à de nombreuses études
dans le domaine de l’anthropologie, notamment en Amérique
du Nord. La notion d’écritures y prend parfois le sens
très concret de l’alphabétisation, qui parfois va
jusqu’à la création de nouveaux alphabets mis
à la disposition des peuples évangélisés,
une conversion pouvant en cacher une autre, dans un univers de
basculements historiques.
Dans ce contexte, les recherches littéraires ont à
trouver leur place spécifique, même si, bien entendu, il
ne saurait être question de les couper des perspectives
anthropologiques, linguistiques, missiologiques ou historiques qui sont
étudiées ailleurs.
Le centre de recherche pluridisciplinaire Écritures (EA 3943) et
le CERLICO de l'ENS de Yaoundé 1 organisent à cette fin,
en collaboration, un second colloque international, qui sera cette fois
consacré au Rôle des missions et des Églises dans
la constitution des champs littéraires locaux en Afrique
subsaharienne. Le thème de cette rencontre est directement
inspiré par la première réflexion organisée
en 2002, au terme de laquelle le besoin se faisait sentir d’une
étude spécifiquement consacrée à
l’histoire culturelle interne de l’Afrique subsaharienne,
du point de vue de l’impact des missions sur la
littérature moderne (étant entendu que
l’intérêt pour l’oralité, et
singulièrement pour l’orature au sens
d’oralité écrite, est moderne lui aussi, et doit
être pris en compte ; les missionnaires y ont d’ailleurs
largement contribué, notamment en Afrique centrale).
Cette manifestation fait partie d’une réflexion à
plus long terme sur les littératures missionnaires. Un autre
volet sera consacré plus tard aux activités
littéraires et artistiques, au sens large, des
congrégations concernées dans les pays pourvoyeurs de
missionnaires. Là se joue autre chose : l’auto-image que
les pays de « vieille chrétienté » ont
construite d’eux-mêmes, jusqu’aux relais «
humanitaires » d’aujourd’hui, qui la prolongent.
Le colloque de Yaoundé évitera
délibérément de dresser un bilan des bienfaits de
l'activité missionnaire, comme, à l'inverse, de reprendre
les procès déjà instruits à l'égard
de la « mission civilisatrice » ou autre. Plus froidement,
si l’on peut dire, il s'agit plutôt d'étudier la
manière dont les littératures africaines, à
l'échelon local d’abord (sans exclure, mais à titre
secondaire, les niveaux régional, national, ou supra-national),
ont pu être influencées, aidées ou
contrariées par les activités missionnaires
d’abord, celles des Églises locales, ensuite.
On sait qu’elles ont en effet mis en place des imprimeries, des
périodiques, des éditions, des circuits de
diffusion/distribution, dont certains sont encore très actives
aujourd'hui. Dans une perspective plus immatérielle, les
activités missionnaires ont eu un impact sur la diffusion de
l'écriture et de l’imprimé, et sur leur
signification sociale, sur les langues potentiellement mobilisables
pour l'écriture, sur la compréhension de l'idée de
littérature, y compris son rôle moral ou religieux, ses
genres, ses niveaux de langue, ses publics prioritaires, etc. Elles ont
eu également un impact sur la traduction : d’une part, sur
le corpus des textes traduits (dans les deux sens, des langues
africaines vers les langues européennes, et l’inverse),
dont certains ont pu jouer un rôle plus ou moins important ;
d’autre part, sur les pratiques traductologiques mais aussi sur
le sens de l’opération elle-même.
L’essentiel
de la réflexion devrait porter sur l’ère coloniale,
sans exclure des prolongements ultérieurs. L’inventaire
des réponses au présent appel permettra
d’apprécier s’il convient d’être ici
plus ou moins ouvert, s’il est opportun d’organiser les
travaux chronologiquement ou de penser à une seconde session
pour la période plus récente.
Si le domaine privilégié sera l’Afrique
subsaharienne (toutes langues confondues), des mises en perspective
avec d’autres zones (Maghreb, Océan Indien, Antilles,
Canada) permettront de mettre en évidence à la fois la
récurrence d’un phénomène historique
aussi bien que social et culturel et les spécificités de
chacun des champs. Les études déjà existantes pour
l’Amérique du Nord pourraient également constituer
un appoint méthodologique et conceptuel. Dans la même
démarche de comparaison à caractère
général, une réflexion sur la relation entre
islam, écriture et littérature en Afrique serait la
bienvenue.
Enfin, le recours explicite qui est proposé ici aux
théories du champ littéraire n’est pas fait dans
l’ignorance des problèmes théoriques qu’il
peut susciter : l’exercice de la littérature en Afrique
n’est assurément pas avec évidence une
activité autonome, au sens de Bourdieu, et il l’est encore
moins lorsqu’il a pour cadre matériel et symbolique une
institution religieuse. Ce débat est actuellement ouvert dans la
critique des littératures francophones. En attendant qu’il
soit résolu, on pourra contourner cette problématique en
proposant des communications sur les acteurs et leurs réseaux,
sur les institutions et les infrastructures matérielles, sur
l’histoire factuelle ou sur des approches à
caractère empirique : lectorats, pratiques, valeurs… Les
analyses quantitatives sont évidemment les bienvenues. Par
contre, on évitera les études
d’herméneutique littéraire (le sens du sacré
dans l’œuvre de X), les études de
stéréotypes (l’image du missionnaire chez Y), etc.
L’importance ici accordée à la notion de champ, on
l’aura compris, a surtout une fonction indicative : nous
intéressent d’abord les faits d’une histoire
littéraire et institutionnelle qui, de ce point de vue, reste
encore largement à écrire.
Date-limite de soumission des propositions : 1er juin 2010. Elles
devront être présentées sous la forme d’un
texte (entre 2.000 et 5.000 signes) comportant a) un argumentaire, b)
un résumé comprenant le plan et la méthodologie de
la communication envisagée, en pièce jointe au format
« rtf » (bibliographie souhaitée).
Adresses d'envoi
Ranaivoson-Hecht@wanadoo.fr
copies à gfranguiyoba@yahoo.fr, pierre.halen@univ-metz.fr
Date de communication du programme
15 novembre 2010.
Comité d’organisation
François Guiyoba, Pierre Halen, Dominique Ranaivoson, Marcelin Vounda,
Odette Bemmo, Pierre Tchoungui.
Comité de lecture :
François Guiyoba, Pierre Halen, Dominique Ranaivoson, Pierre Tchoungui.
Comité de patronage
- M. Daniel DELAS, Président de l’Association pour l’Etudes des Littératures africaines (APELA)
- M.
Jean-François DURAND, membre fondateur de la
Société Internationale d’Etude des
Littératures à l’ère coloniale
- Son Excellence l’Ambassadeur de France au Cameroun
- M. le Ministre de l’enseignement supérieur du Cameroun
- Messieurs les Recteurs des universités de Yaoundé 1 et 2.
Institutions scientifiques partenaires
- Association pour l’Étude des littératures africaines (APELA) à Paris
- Université catholique d'Afrique centrale (UCAC) de Yaoundé
- Société
internationale d’Étude des Littératures à
l’Ère coloniale (SIELEC) à Montpellier
- Laboratoire « Langage, langues et cultures d’Afrique noire » (LLACAN), UMR 8135, du CNRS
- Institutions de soutien
- Centre de recherche Écritures, Metz (EA 3943)
- Centre de recherche en littérature comparée, Yaoundé (CERLICO)
- École Normale Supérieure de Yaoundé 1
- Archevêché de l’Eglise orthodoxe grecque à Yaoundé
- Université Paul Verlaine – Metz